Automne 2011
Aout 2001
04/08 Transfert Gap-Provins
Le voyage commence bien… premier
arrêt à la pompe : Carte bancaire bloquée… saturation,
plafond des dépenses dépassé… ça fait toujours plaisir 20min
après le départ … Heureusement des âmes bienveillantes m’ont
sorti de ce mauvais pas. Je les en remercie, du fond du cœur…
Nuit au volant et sur le volant… je
suis trop fatigué, je n’arrête pas de… m’arrêter… sur
l’autoroute A6 je pourrai faire un guide touristique de toutes les
aires d’autoroute…
j’arrive au p’tit matin à Provin frai
comme un… nan… pas frai du tout… je remercie Sandrine au
passage pour m’avoir récupéré et aidé pour mon départ !!!
Petite visite de Yulia, comme un supporter qui encouragerai un
coureur en plein marathon… merci
05/08 Transfert : Provin – Roissy –
Longyearbyen
Nous partons de bonne heure pour
l’aéroport, avec une énorme marge horaire, je suis un peu tendu…
170Kg de matos à enregistrer, 40Kg de « chien »…
Le personnel de l’aéroport me demande
d’emmener ma crevette dans les entrailles du monstre de Roissy, aucun
contrôle… (Il avaient juste besoin de moi pour tenir la chienne
pendant qu’ils scannaient la caisse) L’angoisse me gagne quelques
minutes après notre séparation, certainement comme une mère qui
voit partir son fils… La sensation s’intensifie lorsque les
vibrations de l’appareil témoignent de son combat avec l’attraction
terrestre… Je pense fort à elle, mon esprit s’élève sur
certaines sphères inexplorées au fur et à mesure que notre oiseau
de fer prend lui aussi de l’altitude… Je n’ai jamais eu la
sensation de posséder Djénoun, le principe de possession définit
le rapport que l’on a avec les objet, d’un point de vue
administratif, pour les assurances par exemple, Djénoun ne bénéficie
pas plus de considération qu’une vulgaire commode ou qu’un appareil
électroménager… Un réfrigérateur en soute n’aurai certainement
pas provoqué cette émotion… Nos vies se sont si étroitement
liées, je n’espère jamais avoir franchi les limites d’un
« humanisation » excessive avec elle mais le fait est
qu’elle n’a jamais été un animal de compagnie à mes yeux (et
encore moins un appareil électroménager…). Les humains ont crée
par sélection des êtres vivants parfaitement inadaptés à leur
milieu par une sélection basée sur d’autres critères que le test
sur épreuve, système ayant largement fait ses preuves durant ces
derniers centaines de millions d’années… Partant de ses
considérations je me considère comme le gardien d’un individu qui
ne peu percevoir son environnement, qui ne peut comprendre le monde
qui l’entoure. Ca ne viendrait pas à l’idée à un parent de dire
qu’il « possède » un enfant ou qu’il a un enfant de
« compagnie »… quoi que… on peut parfois se poser la
question… Notre relation serait donc construite sur une base plus
fraternelle ou sur un échange mutuel plus ou moins équilibré. Je
me rends compte peu à peu que mon affection pour Djénoun pourrait
s’apparenter à celle que l’on porterai à une petite sœur… ma
« sista »… j’te protégerai de ce monde déséquilibré
que tu ne peux pas comprendre… tu verras, on sera bien là haut, le
déséquilibre y est moins grand et les règles plus justes :
l’espace porte moins les stigmates d’un dysfonctionnement lié à
cette « éconocratie » absurde… Certes… je ne te
laisse pas le choix, mais qui accuserai un grand frère de protéger
sa petite sœur trop jeune pour comprendre les risque d’un monde dans
lequel elle ne peut assumer les conséquences de ses actes…
J’avoue… ça frise
l’anthropisation… il faut atterrir…
L’arrivée à Longyearbyen reste
toujours imprégné de ma première sensation… « mais qu’est
ce que je fous là !!!! » le ciel plombé renforce la
noirceur d’un paysage très imprégné de l’activité minière de ces
dernières décennies… qui prendrait son pied à atterrir dans un
« germinal polaire » ?… Je ne tiens maintenant
presque plus compte de cette émotion passagère, je connais la
suite… le soleil se lèvera bientôt réchauffant nos cœur avec sa
lumière sucrée.
En attendant le soleil, à chaque
fois : retrouver mon ami, Benjamin, dans l’aérogare chasse
instantanément cette sensation lugubre à coup de larges sourires et
de rires explosifs ! Le « jour-nocturne » nous
retiens dans des discussions, des mises à jour de nos vies
respectives jusqu’à ce que l’heure tardive nous soit indiquée par
nos paupières lestées.
06/08 Première journée à
Longyearbyen
La ville est en émoi, Ours polaire : 1 mort 4 blessés graves :
Tout le monde ne parle que de ça ici,
du jamais vu!!!! l’ours a malheureusement commencé son attaque par
le guide celui ci a quand même réussi à neutraliser l’ours d’une
seule balle ce qui est quasiment impossible, 2 raisons à cela :
1°/ l’autopsie de l’animal qui pesait
seulement 250Kg pour un mâle (c’est presque la moitié du poids
moyen d’un individu normal) montrait un tube digestif absolument
vide, ce qui explique une attaque aussi acharnée…
2°/ l’animal devait être dans un
relatif état d’épuisement. Cet état de cause est directement
corrélé au réchauffement climatique global qui entraîne la fonte
et donc la diminution de la banquise, l’ours blanc ne pouvant plus
bénéficier de cette surface dure pour chasser le phoque se trouve
cantonné aux archipels « terrestres sur les quels il n’arrive
pas à subvenir a ses besoins alimentaires.
http://www.sysselmannen.no/hoved.aspx?m=44365&amid=3181664
Grosse hallucination avant hier… on
courait sur la route de l’aéroport pour nous préparer pour la
semaine prochaine quand un petit van nous dépasse, s’arrête puis
recule, un espèce de trappeur avec une pipe sort la tête par la
fenêtre et me lance dans un anglais très imprégné de polonais :
« J’te connais toi!!!!! j’guettais ton arrivée… t’es
le gars qui grimpe et qui fait du vélo avec son loup! »
Je me liquéfie…. et bégaye….
« nan vous faites erreur c’est pas moi et puis c’est même pas un chien loup ils sont interdits ici… »
Le mec me regarde légèrement de travers d’un air entendu…
« ok… j’vais vous expliquer…. » et me v’la parti dans toutes mes
explications, entre temps j’étais monté dans son van et nous roulions
sur la longue piste menant à son chenil (12 chiens groenlandais). Il
connaissais parfaitement les tchèques, et passe sa vie sur le site de
wolfdog…J’en profitais pour lui poser un maximum de questions et lui
faisait part de mon inquiétude quant à la résistance de ma
chienne au froid, il m’a dit que certains Husky passe l’hiver avec
une fourrure pitoyable, que ça passe et qu’il ne fallait pas
m’inquiéter. Malgré le grand éloignement de son chenil par rapport
à la « ville », je tentais malgré tout un approche pour y
glisser ma princesse en stage… mais en arrivant j’ai tout de suite
compris qu’on aurait même pas pu y rentrer un cochon d’inde
tellement les chiens étaient déjà serrés. Ce Raphaël s’est
finalement montré particulièrement bien attentionné et disposé à
nous aider.
La situation ici est catastrophique :
1°/ Les
chiens croisés avec du loups sont formellement interdits ici…
dommage que mon chien loup croisé husky ressemble fortement à un
loup…
2°/ La loi interdit depuis un an les chiens attachés,
enchaînés à l’extérieur (pb aboiement? ours? j’sais pas…)
3°/
Tacitement et culturellement les chiens sont interdits à l’intérieur
(boutiques, maison, logements, bâtiments de la formation….)
4°/
Le chenil fermé qui garde les chien fait pitié… Pleins (3 chiens
par cage au lieu de 2 max…) et absolument pas Djénoun-proof…
sont trop naze les chiens ici : pour un peu ils les attacheraient
avec une ficelle comme on attache un mouton à un arbre… ok… y’a
pas d’arbre… mais bon quand même le grillage il est un peu
light… c quoi ça? c’est pour un élevage de péruches?
Les chiens n’ont pas leur place ici, c’est un fait… c’est vraiment
dur de trouver une solution mais je vais y arriver, je me bats!!!!
07/08 Ballade sur le plateau avec
quelques clients
08/08 Essai voile de Kite- réparation
d’un Kayak de deux français qui se sont scratchés … ça
marche !!!
09/08 Rdv administratifs en ville
Recherche d’un logement, première
prise de contact avec les autres étudiants.
Ras le bol de la législation
norvégienne… Les chiens sont interdits dans la cité qui reçoit
les étudiants (pb d’allergies… mouais….), aucun propriétaire
n’accepte de louer à des locataires possédant un chien…
(culture ?….), les chiens sont aussi interdits à l’extérieur,
les norvégiens craignent la rage véhiculée par les renards qui
pourraient la transmettre aux chiens par morsure… J’ai tenter
d’argumenter : les autorités considèrent que la quantité
d’anticorps contre la rage doit être supérieur à 0,5 (désolé, je
ne me rappelle plus de l’unité) pour protéger efficacement le chien
de la maladie, les tests sur Djénoun du mois de Juin ont révélé
13… 26 fois la dose nécessaire pour la protéger… Mais non… le
Norvégien est borné… la loi c’est la loi!!!! J’me suis dit il
doit bien y avoir un chenil privé, comment font les norvégiens pour
avoir des chiens ici ?… Il existe un chenil, les cages sont
prévues pour 2 chiens, chacune d’elle en contient 3… la liste
d’attente remonte à 2009 pour les personne qui n’ont pas encore
réussi à loger leur chien…
De dépit je me suis donc rabattu sur
les Italiens et Polonais qui attachent leurs chiens dehors malgré la
Loi l’interdisant, Mais sans succès… pas de place pour toi ma
princesse, désolé… tu n’est pas la bienvenue ici non plus…
Grrrrrr !!!! Je suis hors de moi
je rentre au camping torturé et n’arrive même pas à savourer le
plaisir d’avoir rencontré une super équipe de travail pour la
formation de guide polaire… Je lutte pour ne pas me laisser aller
au désespoir pour mon projet ambicieux… J’ai perdu cette
bataille… Difficile de dormir : Pas de place pour Djénoun =
retour…. hors de question d’être séparé… NONNNNN !!!! pas
ça !!!!! Demain je me lèverai… Bonne heure et comme ces
derniers jours je me battrai avant d’attaquer les cours et je
trouverai une solution pour nous deux !
10/08 Première ballade avec l’équipe
et les formateurs…
Il a plu toute la nuit, j’ai mal
dormi… j’ai la surprise au réveil de constater que ce n’était pas
de la pluie… mais de la neige… 1°C… avec du vent, beaucoup
d’humidité….
Mais qu’est ce que je fout là ????….
J’enfourche mon vélo et me faufile
entre les flocons qui me fouettent le visage pour aller explorer une
dernière piste inexplorée dans l’espoir de trouver asile… je
retrouve une chercheuse Française, contact fourni par un ami quelque
jour plus tôt : Emilie, lui expose la situation, elle me
répond… « ça alors… je connais justement quelqu’un
qui cherche un colloc capable de s’occuper de temps en temps de ses
chiens… ça devait coller », une porte s’ouvre… qui vient
se joindre à nous ? la personne en question qui rentre juste à
cet instant précis de plusieurs demaines de congés : une
allemande « Norvégianisée » chercheuse en biologie
marine se nommant Eike. Quelques secondes plus tard nous trouvions un
accord… Je quittais l’université pour ma randonnée glaciaire le
cœur léger, je percevait la neige me fouettant le visage à la
sortie de la porte comme une accolade amicale du pays en signe de
bienvenue…
Djénoun est la bienvenue dans le
groupe tout le monde vient la flatter de caresses et de mots
amicaux… ça change… Plus tard Keistine (l’Allemande du groupe)
me remerciait d’avoir amené Djénoun à la formation, que c’était
vraiment un plus.
La randonnée glacière se déroule
sans aucune difficulté, Djénoun écoute mes consignes dans
l’instant, je suis très fier d’elle. Elle fait me un peu de zèle
avec un p’tit saut « carpé » au dessus d’un ruisseau
après lui avoir donné le signal « vas y… c’est ton
tour… », les témoins de la scène sont tous surpris par sa
discipline et par son agilité.
L’approche des formateurs est tout à
fait inattendue : En France la validation d’un programme de
formation repose généralement sur l’acquisition d’un programme
précis, calibré et normalisé. Sigmund et ses associés nous
proposent une approche complètement à l’opposé : « nous
vous proposons une formation sur la sécurité en milieux polaire que
chacun doit valider mais il repose sur chacun de trouver en chacun de
vous le guide qui correspond à votre personnalité, à la fin de
cette formation, vous serez des guides très différents les uns des
autres, certains seront spécialisés en kayak, d’autres en chiens de
traîneau, ou sur le ski-pulka en hiver… Nous validerons vos
spécialisations sur votre investissement et sur la qualité de vos
stages pratiques.
Malgré une météo épouvantable la
journée se termine sur une note si positive que mon esprit lâche
prise et je ressens une sensation agréable et rassurante :
sensation que j’attendais avec impatience depuis mon arrivée. Je
trouve le repos sans difficulté bercé par le crépitement du grésil
sur la toile de tente.
11/08 Discussion sur le métier de
Guide Polaire à l’intérieur le matin, cours de Botanique l’après
midi en extérieur… Ça caille !!!!!!
Je profite de mon avance sur ce domaine
(par rapport aux autres étudiants) pour intégrer les connaissances
qui me manque de manière la plus exhaustive et « systématisée »
que je peux… la sortie se déroule aux abords de la cabane que
j’envisage d’habiter à 12Km de la ville (Longyearbyen), une
maisonnette toute rouge avec le tour des fenêtre peint en blanc…
pas très original pour une maison Norvégienne mais c’est pas
grave… je ne ferait pas la fine bouche, elle domine le fond du
fjord depuis son petit promontoire : la vue s’étend jusqu’aux
glaciers de l’autre coté du fjord qui s’étirent doucement pour
s’évader discrètement des massifs et rejoindre l’océan.
Priita notre intervenante se révèle
aussi être ma future voisine et propriétaire, elle nous propose une
sortie comme je les aime : davantage basée sur l’histoire et
les anecdotes des plantes que sur les noms latins ne permettant dans
l’avenir que prétention et arrogance…
Je n’ai pas eu le temps d’aller
chercher Djénoun entre midi et 2, elle m’a attendu patiemment au
camping au dire de Ben’J… c’est encourageant pour l’avenir…
12/08 Cours Glacio, Météo, check du
matos pour aller sur glacier la semaine prochaine.
13 et 14 /08 Week end, Repos, préparatifs pour le trip sur glacier.
15/08 Matin : cours : Sécurité au Spitzberg (ours, tempêtes,
banquise, bateau, fusils, communication… formation aux premiers
secours en milieux polaires : hypothermies, gelures, fractures,
réanimation, gestion des secours : autonomie pour attendre…
Après midi : cours de logisitique sur camp : tentes, systèmes
anti-ours (fils de detections, fusées de détresse…etc), utilisation
maintenance des réchauds multicarburants, utiliations et contenu de la
malle de sécurité.
16/08 Matin : cours de tir, utilisation maintanace des armes à feux, des fusées de détresse face aux ours polaires
Après midi : Entrainement : survie en eau froide (3°C) avec combinaisons (un peu) étanches, déplacement seul, en groupe.
Djénoun présente toute la journée aux exercices mais pas dans l’eau…
17/08 Transfert en bateau longyearbyen ==> Glacier (Billefjord Nordenskioldbreen)
premiers essais de Zodiac pour Djénoun : satisfaisant !
Mise en place du camp (tentes, fil à ours, toilettes…)
Construcion d’une maison pour Djénoun
18/08 Technique d’encordement
Technique de progression sur glacier en « classic » ou « French technic » comme y dises ici…
Utilisation du piolet dans tous les sens, des crampons, taille de marches…
Djénoun est au top sur le glacier, elle passe tous les obstacles
courageusement (crevasses, murs raides, se laisse porter en travers sur
le sac à dos quand je dois tailler des marches dans la glace) mais au
retour des symptômes m’alertent :
Fréquence cardiaque variable et corrélée à l’inspiration : du style :
II I III II III I I III II I IIIII II I III II I, elle grelotte
surtout à l’inspiration, elle est toute ramollie, elle pleure (larmes à
un seul œil), + de salivation, le lendemain elle présente certainement
des courbature aux doigts qui semblent douloureux mais ne présentent pas
de lésions externes. Ce qui ne serait pas étonnant puisque la glace
ressemblait à des chips congelées : une surface extrêmement irrégulière
et un peu coupante, facile à agripper avec des griffes mais certainement
très inconfortable pour elle…
Cet état m’atteint et me plonge dans une « culpabilité potentielle »
en cas d’accident pour Djénoun, que faire si son état dégénère, je ne
peux la ramener demain avec moi ni la laisser sur le camps à cause des
ours. Grrrrrrr !!!!! C’est trop dur…
Je repense à cet homme qui a écrit « on est responsable de sa
rose… » quelque chose comme ça… cette responsabilité n’est pas
imposée par la « rose » qui malgré ses féroces épines destinées à
intimider les « bêtes sauvages » à besoin d’une cloche en verre pour la
protéger de la fraîcheur de la rosée du matin.
Ces épines « extérieures » sont bien souvent absolument inefficaces « à l’intérieur »…
Cette responsabilité est intérieure, induite et proportionnelle a
l’amour, l’attachement à « l’autre », cette situation insidieuse grandit
dans notre esprit sans qu’on s’en rende compte… un peu comme la
négligeable proportion de levain qui fait lever toute la pâte… en
regardant fixement la boule de pâte on ne distingue aucun changement
mais la responsabilité de « l’autre », peu s’installer malgré tout sans
qu’on ressente qu’elle grandit en nous, et lorsqu’on s’en aperçoit c’est
qu’il est déjà trop tard : la culpabilité pique au niveau de la
discontinuité entre la sécurité de « l’autre » et la bienveillance
qu’on lui porte.
Ma pauvre Djénoun, toi qui est si « épineuse », qui a été si forte
face aux épreuves qu’on a franchi ensemble, te voilà maintenant
sacrément diminué et moi seul perçois la complexité de la situation…
comment je vais faire demain ?…
19/08 Je ne trouve pas le sommeil, je cogite trop… je ne peux pas
retourner sur le glacier avec Djénoun, la préoccupation de la santé de
ma « crapouette » imprègne toutes mes pensées, travailler sur le glacier
sur des manipulations parfois périlleuses pourrait affecter la sécurité
de la cordée. Il va falloir me séparer de Djénoun au moins aujourd’hui
et rester concentré… Je trouve la solution au petit matin : je pars
pour un camp de géologues qui laisse un veilleur en permanence sur le
camp, Djénoun rencontre sa première Dog-sitter chaleureuse et
attentionnée. La journée est chaude et ensoleillée : je pars faire mes
exercices de moufflages et de secours en en crevasse le cœur léger… Au
retour je retrouve une Djénoun ragaillardie, le rythme cardiaque
redevient plus régulier et elle ne grelotte plus du tout par contre sa
démarche chaotique témoigne toujours d’une douleur aux doigts
significative… Il va falloir encore trouver une solution pour
demain… Dans la soirée je m’évade une fois de plus du groupe avec tout
mon attirail de sécurité (fusil, fusées de détresses) pour une longue
marche en quête d’une nouvelle Dog-sitter que j’espère trouver dans une
cabane isolée en direction du glacier… J’y retrouve par hasard des
photographes Allemands (rencontrés qq jours plus tôt au camping) qui
acceptent volontiers de me garder Djénoun.
Cool, je peux dormir sur mes deux oreilles me voilà rassuré !!!
20/08 Je repars donc sans ma « crapouette » faire mes pitreries glacières…
Au programme :
différents types d’ancrages sur glace
Mouflage (système de palant avec des poulies) plus perfectionné
lecture de route sur glacier entre les crevasse
Gestion de cordée en franchissement de crevasse
21/08 Dimanche… jour du seigneur, repos, pas de glacier, j’aurai
bien aimé y retourner car je m’régalle mais je suis tellement content de
ne pas avoir à chercher une dog-sitter et de pouvoir profiter
pleinement de la journée avec Djénoun sans inquiétude.
Le matin on discute de la vie dans le camp, de la mise en place du
groupe, l’ambiance y est très chaleureuse, je ne sais pas si ça va durer
mais c’est un bon présage pour l’hiver qui sera de toute façon
difficile… Djénoun aussi y trouve son compte, elle bénéficie d’un
câlin matin et soir d’au moins la moitié du groupe qui la réconforte de
mille caresses… on a rejoint une sacré meute ma Djénoun, j’crois qu’on
craint rien si les méchants nous attaquent…
L’après midi je découvre une nouvelle notion typiquement
norvégienne : le « friluftsliv » désolé y parlent comme ça ici c’est le
langage « pierre à feu »…
Le Friluftliv se traduirait litéralement par quelque chose comme « la
vie sauvage libre en extérieur », et correspondrait à une philosophie
scandinave suffisamment importante culturellement pour être enseigné à
l’école comme une matière à part entière telle que les maths ou
l’anglais et peut être poursuivi par la suite à l’université. Au moins 4
de mes cooquipiers on un master de « vie sauvage libre en
extérieur » !!!!! j’hallucine ! Pourquoi on a pas ça nous en France ?
Depuis le temps que j’entends ma mère me répéter que je ne suis pas né à
la bonne époque…
Pas grand chose : juste une petite erreur temporelle de 20 000ans…
pas sûr que l’erreur soit seulement temporelle, elle est peut être aussi
spatiale : je ne serait peut pas né ni au bon moment ni au bon
endroit ?….
En tout cas j’ai pas eu de mal à m’intégrer, le premier soir j’ai
fais cuire ma viande (agneau + épices + sel + ail + herbes pas de
Provence + Aluminium) 1H30 dans un trou avec des pierres chauffées dans
le feu (j’me suis régalé), et ce soir j’ai cuit un pain de 2Kg500 dans
le sable, il est très réussi bien aéré… j’suis trop fier : j’en avait
jamais fait de si gros.Ils hallucinent tous ici et me surnomment comme
par hasard Sam-mi-néandertalensis… Comme quoi maman… t’avais vu
juste…
22/08 Retour sur glacier avec Djénoun ça se passe super bien grầce à
un coéquipier (Eyric) qui me prête un super truc :une espèce de
couverture de survie multi-couches, étanche et extrêmement isolante pour
que Djénoun puisse se reposer au chaud sur le glacier, j’ai essayé moi
meême, c’est redoutable : je me suis assis avec djénoun dessus pendant
tout le repas de midi le froid n’a même pas mordillé mes p’tites
fesses…
En Norvégien ça s’appelle quelque chose comme « hyaljfellducck »
Programme de la journée :
technique de descente en crevasse pour les secours
Exercices de secours au fond de la crevasse,
Technique pour remonter quelqu’un d’une crevasse en le stabilisant horizontalement
Technique de remonté sur corde, seul, à deux
Un des formateur (Gerarden) se blesse à la cheville, grosse entorse :
il marche à peine en grimaçant, notre groupe ayant fini en premier le
programme de la journée, on permute de formateur (on en a 4 pour 17),
pour prendre de l’avance pour le retour avec lui, 2 coéquipiers le
soutiennent sous les aisselles pour lui permettre de marchouiller
pendant qu’on part devant avec Djénoun et son sac à dos en plus du mien
afin de trouver la route la plus « roulante » possible : sans
franchissement escarpés. On marque le chemin avec des objets encrés avec
des broches à glace pour qu’ils puissent retrouver facilement notre
piste et il faut parfois sculpter des rampes d’accès dans la glace pour
franchir certains obstacles. On finit par se retrouver presque 1h 30
plus tard sur la moraine. Il essaye de la gravir seul mais le sol est
trop irrégulier et escarpé, je réalise un cacolet (espèce de grand huit
en corde passé sur les épaules) avec un piolet en travers pour s’asseoir
sur le dos d’un porteur, mes coéquipiers ne connaissant visiblement
pas la technique me lancent des regards interrogateurs, je charge mon
Gerarden sur le dos et part à l’assaut de la moraine, 90kg 1m98, il faut
gérer l’effort à la monté et assurer chaque pas à la descente… je le
dépose de l’autre coté de la moraine une demi heure plus tard (environ
1km), sur un plateau sableux plus régulier pour reprendre la technique
précédente. Je ne demande pas mon reste, je suis exténué, j’aurai pas pu
aller beaucoup plus loin… je récupère Djénoun au passage avec les
félicitations d’Eyric son conducteur.
Arrivé au camp, les commentaire affectueux vont bon train : du genre
« Pas bien grand l’Français mais ça va… on l’garde quand même… ».
« Pas si bête le Sam-mi-néandertalensis…. ».
Gerarden me remercie avec sincérité et me propose ses services pour
garder Djénoun le landemain… cool ! Y pouvait pas me faire plus
plaisir !!!
Djénoun a surmonté brillamment sa journée sur le glacier, rien a signaler, je suis rassuré.
Au passage : BON ANNIVERSAIRE MON FRERO !!!!!!!
23/08
Exercice de navigation sur glacier et de conduite de groupe au
travers d’innombrables et gigantesques crevasses pendant toute la
journée : expérience inoubliable, c »et grandiose !!!! Parfois des
grondements terrifiants et des vibrations remontent jusqu’à la surface
témoignant de la mobilité du glacier, j’ai jamais vécu un truc pareil…
Magnifiques bédières (rivières sur le glacier), énorme moulin
(rivière qui se jette dans une crevasse) : ça fait une énorme cascade
sur la glace d’un bleu intance, c’est magnifique !!!!
24/08
La météo radieuse jusqu’à présent se dégrade brutalement : Vent,
pluie, froid… en plus c’est mon tour de prendre soin du campement : il
faut entre autre au réveil aller vider les toilettes dans la mer…
Pfouuu… Aller on se lève… bottes, pantalon de K Way, ciré,
chapeau… et en avant…
Cours de glaciologie sons la grande tente le matin
Mise en seine d’un gros accident et secours sur le glacier l’après
midi avec des conditions météo très difficiles l’après midi :
ENORME !!!! J’adore !!! c’est génial !!!! encore de la tempête !!!!!
25/08
Rangement du campement le matin
Retour en bateau l’après midi et en soirée.
Tous le monde rentre dans une maison, Djénoun et moi devons continuer
sous la tente au camping… j’cracherait pas sur un peu de confort avec
cette météo à la noix…
Bientôt… bientôt…
26/08
Matin : rangement et entretien du matos collectif (tentes, fusils
réchauds, popotes…) et entretien individuel avec les formateurs sur
notre expérience sur glacier… Sans commentaire… c’était super, j’ai
adoré!!!!!
Après midi : administratif… banque, poste, autorisations pour
posséder un fusil, pour Djénoun, inscriptions, confirmations,
confirmations de confirmations d’inscriptions à la formation… par
internet en Norvégien… Bref vous voyez ce que je veux dire… trop nul
quand on revient d’une semaine de « Frilustliv » avec des glaçons
pleins les yeux…
Je m’égare dans mes délire, hallucinations et j’imagine une discussion surréaliste avec le banquier:
«
- Mr Duc…. C’est Mr Pichot… votre banquier à l’appareil !
- Haaaaaa !?!!?!!*° !… Ca va bien ?….
- Dites donc Mr Duc…. j’vous appelle parcequ….crcrhhhcrrhhrr….. depuis plusieurs jours…frhfrfrcrcrcfr…..
- oui… non mais je sais… mais là j’suis presque au pôle nord et
j’vous entends pas bien sur mon vélo, j’ pouvais pas vous répondre
j’étais au fond d’une crevassse, pis fallait absolument qu’j'achète un
fusil, vous savez les ours polaires… ils sont pas commodes ici !!!! - crrrhchcr …….des ours ?…..frfrcrcrcccrh….fait quoi alors… crccrfrchrrrfhrr
- Faites sauter l’PEL pis l’assurance vie tant qu’à faire parce que j’vais aussi acheter scooter.
- crrrcfrrrr…un scooter ??? pas besoin d’tant !!! y fait pas l’affaire vot’vélo ?….frfrcrr
- Un scooter….. des neige… Mônsieur et y’s'en font pas cadeau ici !!!!
- frfrrrcccrcrcr…. mais pour quoi faire, on est en été?.frcrrfrfr…
- Ben pour rentrer chez moi c’est presque l’hiver et j’vais habiter dans une p’tite cabane à 12Km de Longyearbyen…
- frfrcrrr…. Longyear-quoi?……Frrrfrcrfr
- LONGUE-YEUR-BINE ! C’est là où je suis…
- ….connais pas….rfrcrcrrcfrfr….. c’est quoi l’retour sur investissement prévu ???…frfrcrrcrcfrf
- heu…………….vous inquiétez pas Mr Pichot…………………Mr Picot ?…..
- oui ?
- Mr Pichot ?…… vous m’entendez ?
- Oui très bien et vous ?
- Allôooo Mr Pichot ?….
- Allô Mr Duc vous m’entendez ?
- Bon Mr Pichot je sais pas si vous m’entendez mais moi j’vous
entends plus du tout là, alors si vous m’entendez j’vous souhaite plein
de bonnes choses du bonheur et tout et tout et je vous dis à
bientôt… dans un an… p’t'être… »
27-28/08 Week end
repos, lessives, rangement, montage de film, gonflage voile de Kite
surf, écriture, ballade/jeux avec Djénoun… première fois de ma vie que
je fais mes devoirs avec 4 jours d’avance (c’est une page max, si y’en a
qui veulent m’aider à corriger les fautes…):
Samuel DUC A.N.G. student 2011 / individual reflexion note
Nordenskiold breen : glacier experience
18/08 => 25/08 : 8 days, 17 students, 4 teachers, 1 dog…
- Valuable competences related to the ANG role.
1.1. Technical competences learnted during the trip
- preparation/plan a trip (safety, food, breatherforcast, equipement, logistic…)
- technic (set and live on a « norwegian » camp, glacier technics)
- new gears : jfellduck performance (safety blanket), new tents, heating stove, use a chest harness, polar bear wire….
- quantity of equipement : wath you need to go on a glacer safcely (too much/ enough…)
- Be efficient with the equipement, work quickly (ropping, set on crampons, set up a 1 to 6 pouly, tents…)
- limits : how to guide on a glacier with somebody
injured (Gerard), find a route, carrying… think and take care of the
less adapted individu (ex Djenoun)
1.2. Leading group competences
- explication and leading abilities : calm, open-mind, ampathy…
- feed back after experience : how to fix the experience with a brieffing each day
1.3. Spiritual and philosophic developpement (see : 3. Best learning experience)
- Developpement and issues related to ANG Competences
2.1. Feeling that you need to adaptat the technic, the equipement to the environnement :
(ex : alp glaciers vs svalbard glaciers > differences)
2.2. Rescue : Now, I really would love to go on a glacier to help on a rescue expedition
2.3. Teaching : I feel able to help new guides to learn how to go safely on a glacier with a group.
- Best learning experience : spiritual experience :
3.1 Phylosophic
approch : Friluftsliv, Norwegian outdoor spirit learnt from the group,
teachers / Olla attitude… take the time to feel arctic…
3.2 Pedagogic
approch : personnalisation of each future guide by the leaders : open
mind concerning the way to learn/teach on the field. How to learn on the
field : look-listen > try > test > teach to others > feed
back…
3.3 Professional
approch : (responsability of a group on a glacier, camp) : safety,
tehnics, evolution of the profession of guide on Savalbard, discutions
with Steintorra Sysselmannen (confort VS friluftsliv)
- Conclusion : perfect trip,
The trip was absolutely perfect : good feeling with the group, beatifull glacier, unespected weather, super food,
JUST PERFECT !!!!!
Details to improve the trip :
- buy a BIG saw with spare blades (more efficient & safe to cut the wood than cutting the truncks with an axe)
- Buy a bigger axe to split wood and work gloves (safer than to return the axe and the peace of wood on a rock)
- For the common dinner : ask to the group to try new meels that they can’t experience with guests
- Inform the goup of an approximative price of the journey, food, equipement for the trip when they apply for ANG
THANK YOU FOR THIS TRIP !!!
28/08
Matin débriefing de la formation sur glacier
Après midi : cours de Glaciologie (Vie du glacier, différentes sortes
de glaciers, phénomène de surge, différences avec les glaciers alpins
qui ne sont pas reliés à leur support par le permafrost)
29/08 Cours de Glaciologie suite
Sécurité lié à la pratique des guides sur glaciers polaires : Chutes
de séracs, spéléo/exploration dans les grottes de glaces, crevasses,
moulins, cascade de glace en hiver, connaissance des formes de crevasses
possibles pour la navigation en hiver en scooter des neiges
31/08 Stand de tir
Perfectionnement du tir : coucher et assis à 35m et 100m
Je suis très satisfait de mes résultats et je valide l’examen le
premier jour de la formation (1 seul essai : 4 balles dans un cercle de
8cm de diamètre à 35m sans lunette) c’est rassurant…
Septembre 2011
01/09 Stand de tir
Approfondissement du tir :
différentes positions notamment debout, temps de visée limité à 2 secondes, voir 0 secondes : tir instinctif…
Ça y est je possède mon propre fusil (Ruger 30-06), c’est mon passeport pour déménager dans ma nouvelle maisonnette qui est trop loin de la ville pour être dépourvue de risque par rapport aux ours..
02/09 Stand de tir
Le matin cours : self défense contre ours polaires… pas banal… mais petit joueur le norvégien quand même : il n’utilise que du gros calibre pour se défendre… même pas la moindre allusion aux inuits, ou aux russes qui étaient capable de les chasser au corps à corps avec un grand couteau… l’ours étant gaucher, ils le forçaient à se redresser dans une impasse pour se glisser sous l’aisselle droite (si je me rappelle bien…) l’ours ne pouvant saisir son agresseur, celui si lui assénait un coup de couteau mortel jusqu’au cœur… Leur plus grosse crainte étant le quarantième ours tué de cette manière qui statistiquement peut être gaucher…
pas même un p’tit travail pratique de corps à corps… j’suis un peu déçu…
L’après midi essai de multiples armes de défense :
- Fusil à pompe
- Pistolets
- Revolvers gros (énorme calibre)
- Flash ball – Rubber ball (fusil à pompe avec des balles en caoutchouc)
- Tous les pistolets à fusées de détresses possibles imaginables…
- Charges explosives pour les fils à ours (sorte d’enclos pour protéger les tentes)
03/09
Détente au camping… j’ai trouvé le moyen de me faire virer avec ma voile de Kite… Je sais pas pourquoi les gars de l’aéroport l’ont pas trouvée à leur goût… trop près des hélicos…
OK c’est bon… je bouge…
04/09
Déménagement Camping ==>Maison à Bolterdallen (Voir la nouvelle carte dans la rubrique « localisation »). pas mécontent de quitter la tente avec la nuit qui arrive. J’imaginais les choses autrement : la nuit devient de plus en plus noire jour après jour mais elle affecte aussi les jours qui deviennent eux aussi de plus en plus sombres étant donné que le soleil ne monte presque pas dans le ciel pour se contenter de suivre l’horizon… qu’on ne voit pas de toutes façon car il fait gris depuis au moins 15 jours. En même temps maintenant ça m’est égal : on est chez nous !!!
Repas le soir avec Benj’, David, Claude et Laurence, discussions sur les perspectives de guides ici au Svalbard, sur les Ours et sur nos projets respectifs… Départ et retour de tout ce p’tit monde pour la France… ça fait un gros vide, vous allez me manquer tous autant que vous êtes…
05/09
Matin : exercice : énumération des risques du guide au Svalbard (liés au terrain et aux erreurs humaines) et des solutions pour y remédier.
Après midi préparation d’une excursion prochaine (matériel, points GPS, programme…)
Première virée avec les chiens de traîneau et le buggy (t’inquiète Djénoun tu vas bientôt y avoir droit…)
Ensuite entraînement : course à pied avec Djénoun jusqu’à la mine numéro7, le bout de la route… le bout du monde…
des humains…
06/09
Cours de Géologie du Svalbard (histoire, sites particuliers, où peut on envisager de grimper au Svalbard). Une énorme dépression gagne l’île…
07/09
Cours de Botanique à l’université, spécificité et adaptation des plantes au milieux sub-arctiques, arctiques et polaires.
Impact du tourisme sur la répartition et la biodiversité des plantes vasculaires
21h
En direct de ma cabane au fond du fjord… ou j’ai pas internet, je posterai demain.
Je reviens d’un tour dans la tempête avec ma Djénoun : mine n°6 puis ascension jusqu’au plateau : … tellement contents de se retrouver après cette journée de séparation, c’était fort…
Les bourrasques de vent projettent les gouttes de pluie qui frappent la vitre comme si elle voulaient transpercer notre refuge, moment extraordinaire ou le temps reste suspendu. Chaque goutte qui heurte la vitre trouve sa place comme dans une musique où chaque note appuie un peu plus l’intensité de l’émotion.
Dans ces instants, j’ai l’impression de me rapprocher de mon objectif.
Est ce que je progresse ?
Est ce que je me perds ?
Est-ce une illusion ?…
peu importe après tout…
Les yeux dans le vide, je m’emmènent souvent vers des réflexions liés à la magie des ces instants qui me semblent être du bonheur : quête perpétuelle de l’être humain pour un relatif ou hypothétique bonheur illusoire…
Pourtant, ces précieux moments me dérangent d’une certaine manière : j’ai l’intuition qu’il serait possible d’accéder à un état serein, apaisé, satisfait… mais de trop souvent me confronter à des questionnements qui m’écartent de cette voie en pensant qu’ils m’y emmèneront…
En effet, on cherche tous le carrefour : rue de l’épanouissement – avenue de la liberté…
A force de chercher on finit bien par trouver… on peut même demander son chemin ou faire du stop… le sentier est si tortueux !… si escarpé…
Arrivé au carrefour, au moment de choisir, je crois que je me trompe souvent de choix : je me pose les mauvaises questions : dois-je continuer avec le caillou dans ma chaussure ou pieds nus sur les cailloux?… sans même lever les yeux sur les écriteaux.
Aujourd’hui ça pourrait donner :
« mais… bon dieu ! Ça caille, il pleut, il y a du vent, c’est gris, je ne risque pas de trouver une âme susceptible de m’apporter un quelconque réconfort affectif et j’ai même pas vu le soleil depuis au moins 3 semaines… Grrr… Mais qu’est ce que je fous dans ce trou à rats ??? »
le questionnement consécutif :
- dois-je prendre le chemin : me confronter à l’hiver ici en sachant que je prends certainement un risque pour Djénoun et moi, en assumer la culpabilité si je nous emmène à la catastrophe…
- ou l’autre chemin : rentrer passer l’hiver au chaud en France et assumer toute ma vie l’autre culpabilité : celle de ne même pas avoir eu le courage de tenter la confrontation…
Quand j’étais au collège je crois que j’étais déjà dans ces mauvais schémas avec les filles de ma classe (râteau… ou frustration de pas avoir eu le courage de tenter l’aventure…).
En fait je crois que je me suis toujours trompé de questionnement…
Mais trouver le bon dépassait certainement les capacités de mon unique neurone d’adolescent pré-pubère. Si seulement je pouvais monter dans une Doloréane et glisser dans le creux de mon oreille 20 ans plus tôt :
« L’important n’est pas de savoir si tu vas sortir avec elle ou pas, c’est d’ entretenir cette sensation en toi qui te transforme et t’élève grâce à elle… applique toi à créer ces instants rares et précieux avec elle, le reste viendra ou pas… mais c’est sans importance : tu auras apprivoisé l’émotion, retenu le temps… l’espace d’un instant… et c’est ça qui compte.»
Mais que devrais-je me dire à moi même là… tout de suite… aujourd’hui…
Je suis là, face à ces millions de cristaux liquides qui restent muets… j’attends la Doloréane : des messages du futur… Rien… juste le bruit du ventilo de l’ordi… moi aussi je mouline…
Ça vient peu à peu…
Je ne crois hélas pas avoir acquis le moindre neurone supplémentaire durant toutes ces années… ça craint…
Je pense qu’emprunter la moins pire des alternatives à un moment donné ne sera jamais un choix qui conduit à la liberté ou au bonheur : Juste un questionnement pragmatique sans grande importance en fin de compte… (et pourtant ça prend tellement de place dans le quotidien…)
Je crois que si au carrefour tu te poses ces questionnements matérialistes mon Sam tu t’es une fois de plus focalisé sur le caillou dans ta chaussure… lève les yeux et regarde les panneaux !
Demain je ne laisserai pas Djénoun à la maison, on ira ensemble à l’école….
Demain on organisera le week end avec les autres pour s’en mettre plein les mirettes…
Demain c’est cours de botanique sur le terrain : je vais me m’éclater…
Demain le vent continuera de souffler à 28m/s, il pleuvra sûrement : je fermerai les yeux pour sentir ces gouttes d’eau qui partagent un court instant de leur cycle infini sur mes paupières closes…
Demain je serai heureux…
… et cet hiver…
peu importe ou je serai : je créerai l’instant…
23H30… il fait nuit noire pour la première fois, Djénoun a fini par se retrancher dans la niche qu’on lui a prêtée.
Le vent souffle toujours aussi fort : il anime la maison qui poursuit son chaleureux murmure : les rafales jouent de la flûte de pan avec le conduit de cheminée : elle fredonne sa mélodie escortée par les grincements du plancher du toit qui témoignent de sa déformation sous les bourrasques…
J’ai l’impression d’être dans un bateau en bois qui craque sous la pression des vagues, je me sens serein…
bonne nuit à tous…
08/09
La journée se déroule comme je l’espérais… pas de pluie, un p’tite virée botanique avec ma Crapouette…
L’après midi on discute pour organiser les prochaines sorties. Les cours s’arrêtent tôt dans l’après midi et me permettent d’engager un nouveau défi pour le lendemain : Djénoun+Kayak = ????
Pour ça j’ai racheté un kayak à un Allemand il y a 15 jours qui permet de placer Djénoun derrière moi quand je pagaye. C’est un kayak démontable avec une structure en aluminium et une « enveloppe » en caoutchouc autour. Je passe donc une bonne heure pour ce premier montage, j’enfile ma combinaison étanche et me lance avec Djénoun sur l’eau calme pour un premier essai. Il se révèle concluant sauf quand elle se « recale » dans le bateau et passe par la position assise qui déséquilibre notablement notre frêle embarcation. Ravi de cette nouvelle capacité j’abrège l’exercice avec ma fidèle partenaire sur cette note positive. J’enfourche mon vélo, suivi par Djénoun on dévore la piste d’une traite jusqu’à notre refuge, malgré la pluie qui commence à assaisonner la voie où se forment de profondes ornières boueuses…
Il est 22H30 mes colocs dorment déjà… difficile de préparer mon paquetage pour le projet du lendemain…
09/09
6H30… mes colocs dorment toujours… toujours aussi délicat de se préparer dans le silence…
Je « renfourche » mon vélo et nous « redévorons » la piste dans l’autre sens (j’ose pas encore dire que je la vomis…) bref je rejoins mes deux compagnons norvégiens à la base de kayak et nous amorçons la traversée d’Adventfjord (voir carte dans l’onglet localisation) ce qui représente une performance absolument… négligeable… même pour un kayakiste débutant… mais pour une première virée avec ma Crapouette c’est largement suffisant. Djénoun alterne ses positions régulièrement et mon pied droit se fait peu à peu envahir par une fourmilière géante à cause des chaussures trop petites de l’Allemand (celui à qui j’ai acheté le kayak… la belle affaire…), j’en perds l’équilibre en sortant du bateau sous les regards surpris de mes deux coéquipiers qui retiennent difficilement leurs fous rires…
On amorce l’ascension du Hiorthfjellet, le brouillard me permet de lâcher Djénoun sans que personne ne puisse dénoncer notre déli… (les chiens sont interdits en liberté…). 900m de dénivelé plus tard dans des pierriers instables nous atteignons le sommet. La vue est… comment dire… limitée pour ainsi dire…10m environ… les seules preuves nous permettant d’affirmer que nous sommes bien arrivés au sommet sont : d’une part le fait qu’il ne restait plus rien à grimper dans notre champs de vision… un peu facile étant donné la visibilité, et la confirmation que nos outils de navigation modernes permettent de randonner même lorsque la sortie ne présentent absolument aucun intérêt…
Je plaisante évidemment, l’intéret de cette balade était multiple et après notre retour (qui se passe sans encombre : encore mieux qu’à l’aller)je range tout mon équipement le sourire aux lèvres, satisfait de notre excursion et de l’échange avec Magnus et Sondre (mes deux amis norvégiens). On embraye sur une soirée interminable mais très divertissante… pour moi… Djénoun elle, me suit partout et attend dehors patiemment malgré la pluie qui reprend… je culpabilise un peu et sors fréquemment pour la rassurer et pour me rassurer aussi… vers 4 heures du mat j’abandonne l’idée de rentrer en vélo chez nous, mes amis eux, ont dus se faire assister par des taxis pour regagner leurs lits douillets sans prendre de risque vu leur état… j’improvise un « bivouac » de la dernière chance dans la salle télé de la cité universitaire qui m’avait refoulé quand j’envisageais de m’y installer (à cause de Djénoun…). A cette heure ci, pas de contrôle… je m’effondre sur un divan de la salle télé avec ma crapouette cachée derrière le meuble télé (nettoyée préalablement) belle revanche…
10/09
Je décolle péniblement mes paupières sur le coup de midi… j’ai du mal à imaginer que j’ai pu oser faire une chose pareille… Sam… t’es pas raisonnable… ben ouais… c’est ça qu’est bon !!!! c’est ça qu’on aime !!!! Allez en avant !
Suite de la journée lessive… je peux pas la faire chez moi, il n’y a pas l’eau courante, elle gèlerait en hiver et il n’y a pas de captage, on doit remplir régulièrement de gros réservoirs et les ramener en voiture depuis la ville pour les pomper dans une citerne dans la maison… quelle histoire… du coup pas de lessives à la maison ni de douches d’ailleurs : je les prends chaque matin à l’école, j’arrive les cheveux mouillés ce qui intrigue mes collègues qui ont déjà envisagé plein d’explications et de scénarios aussi improbables les uns que les autres.
En fin d’après midi j’accompagne Åshild (prononcer Ochilde prénom féminin norvégien…) et Eirik à la chasse, notre proie éventuelle « serait » du tarmingen, un pauvre piaf qu’a pas compris qu’en fin d’été c’est mieux de repartir vers le sud… En effet le lagopède est un des rares oiseaux (avec le bruant des neiges) à rester au Svalbard toute l’année, il est très convoité par les Norvégiens qui le chassent jusque fin décembre au clair de lune…
La soirée se termine exactement comme la précédente… bivouac de la dernière chance au p’tit matin dans la salle de la cité U… Sam tu craints…. ben ouais… mais je t’ai déjà dit…c’est ça qu’est bon !!!! c’est ça qu’on aime !!!!
11/09
Dimanche… la pluie n’a pas cessé depuis… je sais plus quand… ça fait beaucoup en tout cas… après un réveil tardif j’envisage de rejoindre mes nouveaux amis vikings à la salle d’escalade en fin d’après midi. Pour cela, mon cher Sam, il serait bon de te munir de tes chaussons d’escalade qui sont évidemment restés dans ta cabane au fond du fjord… erreur… à ne plus commettre…
Bon… Ben c’est parti pour un aller-retour sur la piste qui permettrait une reconstruction très réaliste de Germinal ou de bataille de la Bérézina avec en prime la retraite de Russie… une horreur, la piste est devenue impraticable… et me semble tellement longue…
Bref… séance d’escalade (au sec) en salle, puis retour à la maison. Je peux dire que pour ce coup là je l’ai « vomie » la piste !!!! J’aimerais pouvoir dire que je suis arrivé complètement rincé… mais j’était complètement crépi… de boue, et congelé par la même occasion… Djénoun elle, ressemblait à une ces bestioles d’Afrique qui vit dans la boue, une sorte d’hybride entre un phacochère et un porc-épic…
Devant…
Derrière…
Vue de dessus…
Mon phacochère…
12/09
Au petit matin, au moment de partir en cours, j’avoue avoir baissé les bras pour repartir faire la retraite de Russie avec Djénoun sur la piste… j’ai accepté, et apprécié la proposition de ma coloc (Emilie) pour un « lift » jusqu’à Longyearbyen. Le 4X4 partait en aquaplanning, ou plutôt devrais-je dire en « mud-planning » sur la piste qui ressemblait maintenant à un long ruban de mousse au chocolat… C’était bien vu d’accepter cette proposition étant donné la journée épouvantable que j’allais passer, mais ça… je ne le savais pas encore…
Les scrupules d’abandonner ma crapouette m’ont conduit à l’emmener encore avec moi aujourd’hui. La pluie n’avait toujours pas cessé, mais elle était maintenant tellement omniprésente qu’on y prêtait même plus attention. Djénoun accepta malgré tout sans rechigner de se mettre en boule à coté de la fac en attendant la fin de mon cours sur les Zodiacs (bateau gonflant motorisé… je précise pour ceux qui s’imagineraient que je ferais tout ce cirque pour me lancer dans l’astrologie…).
Depuis mon arrivée dans cette université, je laisse fréquemment Djénoun dehors attachée juste de l’autre
coté de la fenêtre de notre salle pour pouvoir garder un œil sur elle, même pendant mes cours.
En fin d’après midi je reçois un mail destiné à tous les élèves de la section qui prévenant que si le chien à côté de l’université n’est pas récupéré par son propriétaire dans les plus brefs délais il sera récupéré par les autorité d’ici très peu de temps.
Je sors instantanément et l’installe de l’autre coté du bâtiment… juste le temps de finir un texte pour un journaliste qui me posait des questions sur mon quotidien en vue d’un article.
Je vais à la fenêtre pour voir si la nouvelle place de Djénoun ne la perturbe pas trop et découvre 5 personnes attroupées autour d’elle. Habitué à ce que Djénoun suscite de l’intérêt je ne suis pas surpris, mais les gens ne se comportent pas comme d’habitude : en général ils l’appellent pour s’en approcher, la caresser, lui parler….
Là, rien de tout ça… j’admets que mon porc-épic croisé phacochère ne ressemble plus à rien avec la boue, mais quand même… Le groupe reste immobile sous la pluie jusqu’à ce que je reconnaisse des visages familiers : Philippe, mon nouveau coloc allemand, et Colle, (prononcer Kola) un Suédois qui fait la formation avec moi. Intrigué, je décide de les rejoindre…
Quelle « surprise » en arrivant… Je découvre à côté de Djénoun le cadavre d’un renard qui n’était pas là au moment où je l’avais amenée…
Aïe aïe aïe… le début des emmerdes…
Tout s’accélère dans ma tête :
Rage + Djénoun = OK
>super vaccination testée en france = je suis rassuré, elle n’a rien à craindre
Renard au Spitzberg = rage
Rage = peur
Peur + Norvégien = Pas bon du tout !!!! > rapport aux autorités!
Je les rejoins et désamorce cette situation embarrassante sous une pluie battante,
« Ok les Gars vous pouvez y aller je vais gérer tout ça, Djénoun est au point pour les vaccins, pas de crainte à avoir, y’a pas de problème vous pouvez rentrer chez vous, je m’occupe de l’affaire. »
Sitôt tout ce p’tit monde disparu je mets le renard dans un sac poubelle et le cache au dessus de gros containers dehors sur l’entrepôt (je précise que la température est maintenant passée au-dessous de zéro en moyenne). Le temps de réfléchir, d’agir de manière contrôlée…
Ce renard est petit, en phase de mue pour l’hiver (blanc et gris), mou, boueux et… baveux…
Après cette opération désagréable, je me lave les mains et fonce sur le net où je reçois en direct le soutien de Chrystel (la première maman de Djénoun), Christophe et Sandrine toujours présents dans l’instant pour me filer un coup de main dans les plans galères, qui mettent tout en œuvre pour répondre à mes questions et m’aider dans cette situation inconfortable. Mes questionnements sont multiples et notamment : quel est le risque encouru pour moi et pour Djénoun sachant qu’on se trouve sur une zone infestée par la rage.
Première réponse qui me rassure un peu : un animal ne transmet la rage que dans les 10 jours précédant sa mort (le temps d’incubation étant très long : de 3 semaines à plusieurs mois)
Deuxième élément rassurant : le seuil d’anticorps dirigés contre la rage pour protéger un chien est de 0,5Ul/mL. Djénoun avant son dernier rappel de vaccination en possédait déjà 26 fois plus que ce seuil nécessaire pour la protéger (13,7Ul/mL).
Ma crainte principale est double :
- d’une part que les autorités s’en prennent à Djénoun malgré son immunité testée par un labo agrée, ex : renvoi en France, quarantaine, renvoi en France…
- la deuxième crainte n’est pas « révélable » sur le net, nombreux sont ceux qui savent de quoi je veux parler, (pour les autres, j’y répondrais personnellement).
De « rage » je retourne au pan d’escalade pour évacuer toute cette tension… Je finis tard et me fait ramener par mon nouveau coloc Philippe qui me réconforte sur la route du retour, les « aqua-mudings » dans la mousse au chocolat sont nocturnes ce coup-là et la faible puissance des phares de sa vieille Mazda ne m’aide pas à me rassurer… mais bon c’est tellement bon… j’pourrais être à vélo…
Il est 22h30… on dit que la nuit porte conseil mais le problème c’est que les conseils…. ben… faut les trouver… je ne trouve pas le repos mon esprit vacillant entre l’élaboration de scénarios plus ou moins réalistes est craintes plus ou moins raisonnées… je retombe exactement dans les mêmes schémas que sur le glacier au 18/08 mêmes stress (s), même anxiété face à l’engagement.
13/09
La nuit fut donc très courte et mauvaise, torturé par l’anxiété d’une sorte de navigation en eaux troubles entre rêves et imaginaire déraisonné. Je m’extirpe du lit sans grande conviction, le vent s’est re-levé et les montagnes sont toutes blanches de neige.
Je pensais initialement emmener Djénoun avec moi aujourd’hui sur le cours de conduite de zodiac (conduite et accostages acrobatiques) mais vu les conditions météo, la mer doit être démontée…. Et étant donné la « situation politique » actuelle avec ma Crapouette, je me raisonne et reviens sur cette décision. « Tu reste au chenil avec tes copains chiens… »
J’ai un mauvais pré-sentiment… Ça me gâche un peu le plaisir : En effet, la mer était bien agitée, avec de bonnes petites vagues et un bon 60Km de vent. « Piloter » les Zodiacs devient rapidement un jeu : les bateaux décollent face au vent et surfent sur les vagues dans l’autre sens… Nos visages sont paralysés par l’eau glacée en position sourire, un régal !!! Malgré tout je ne peux m’empêcher de penser à Djénoun et à cette situation obsédante : Qu’est ce qui se passerai si Djénoun était mal protégée, contaminée et contaminait tout son entourage : les chiens de mes colocs dans le chenil ou quelqu’un qu’elle mordrait, même par jeu… Trop torturé, à peine rentré et dévêtu de ma combinaison d’Armageddon je prends le sac plastique contenant la dépouille du renard et fil chez le Sysselmannen (Autorités locales). Le Norvégien qui me reçoit m’accueille avec un grand sourire : il arrive de l’université bredouille parce qu’on l’a averti qu’un chien avait tué un renard polaire (ben ouais… quelqu’un m’a balancé…), ilétait parti à sa recherche.
J’ai toujours été très élogieux de ce pays où l’on peut oublier sa carte de crédit sur un banc public et être sûr à 99% de la retrouver le lendemain car ce pays est très très sûr… mais aujourd’hui je me demande si cette sûreté n’est pas aussi liée à une très très importante délation par la population. En tout cas aujourd’hui j’en fait les frais et ça ternit franchement le tableau.
Mon Sysselman semble ravi de ma venue, je comprends mieux pourquoi quand il m’explique que la veille, un renard (certainement enragé) à agressé et mordu un jeune femme et qu’ils recherchent l’animal depuis presque 24H pour l’analyser. Il revient tout juste de l’université où quelqu’un lui a communiqué par téléphone une personne de l’université qui a été spectatrice de la scène depuis une fenêtre du premier étage.
Je lui fait signe du menton en direction du sac plastique de l’autre coté de la porte vitrée. Ses yeux s’écarquillent et s’illuminent, j’ai envie de lui dire : « c’est bon… c’est un juste un renard crevé tout raide dans un sac poubelle… »
Il me dit que le journal local du Svalbard (Svalbard posten) a fait un article sur l’accident de la veille : une jeune femme agressée par un renard polaire hier : La victime est hospitalisée pour des tests Anti-rabiques.
http://www.svalbardposten.no/nyheter/kvinne-bitt-av-polarrev
L’accident serait survenu un quart d’heure avant que le renard rende visite à Djénoun, à150m de l’université, de l’autre coté du pont qui traverse la petite rivière de Longyearbyen. Il est très vraisemblable qu’il s’agisse du même renard. D’autant qu’un renard « normal » fuit plutôt les chiens et qu’il n’aurait pas eu de mal à le faire étant donné que Djénoun était attachée. Ceci confirme la ferme intention du renard d’aller à la confrontation avec elle.
Mon gendarme viking semble satisfait que son enquête soit clause et récupère le sac du renard, puis il m’interroge sur l’état de ma chienne. Il semble surpris qu’elle n’aie aucune trace de morsure ou de lésions et fini quand même par me demander si ses vaccinations sont à jour. Je lui explique toutes les précautions que j’ai prises.
Pour rentrer au Spitzberg seule une vaccination à jour contre la rage et un traitement contre l’echinococcose sont nécessaires en plus d’une autorisation spécifique des services sanitaires.
J’avais en plus réalisé ce test très onéreux qui permet de déterminer si la vaccination a marché ou pas et en arrivant avais été un peu déçu d’avoir fait cette opération pour rien.
Aujourd’hui je m’en félicite car suite à un événement comme celui-ci, le taux d’anticorps de l’animal victime de l’agression augmente et il est quasiment impossible après coup de déterminer si cette augmentation est due aux anticorps crées artificiellement par le vaccin ou par la contamination par l’animal enragé.
Il me demande de lui fournir les preuves de ce que j’avance (Taux d’anticorps de Djénoun avant son arrivée au Spitzberg), je lui laisse mes coordonnée par correction en espérant qu’il ne me contactera jamais, lui demande le nom du spectateur du premier étage de l’université et me sauve de cet endroit qui sent la contravention a plein nez…
Je retrouve mon spectateur du premier étage… Il s’agit d’une des 5 personnes qui étaient attroupées la veille autour de Djénoun et de la dépouille du renard. J’attends quelques secondes avant d’animer cette silhouette courbée, en train de geeker sur son ordinateur sous la lumière blafarde d’un velux presque obturé.
Il décrit la scène : « J’ai entendu des aboiements, des cris alors je suis allé à la fenêtre et j’ai vu le renard venir vers le chien. Il faisait des petits sauts bizarres et la chienne l’appelait avec des aboiement aigus en sautant sur place au bout du câble, ça a duré un petit moment. J’ai quitté la fenêtre pour appeler mon collègue et quand on est revenu c’était déjà fini… le renard était étendu dans la boue à coté de la chienne qui n’y prêtait aucune attention. Je suis alors descendu et vous m’avez vu par la fenêtre. »
Il me dit qu’il a raconté la même chose au Sysselman mais que ce n’est pas lui qui l’a appelé…
Toute cette histoire se tasse enfin et je me sens soulagé.
Je reçoit alors un message d’Eike (ma coloc qui a 10 chiens à la maison) :
« J’ai appris qu’un renard a été tué par un chien devant la fac.
C’est Djénoun ?
Quelqu’un t’as déjà dénoncé et appelé le Sysselman.
Si c elle t’as intérêt à y aller, parce que si c’est eux qui viennent te chercher tu vas prendre cher !
A tout à l’heure. »
Un peu tard, mais merci quand même Eike…
Je rentre retrouver ma Djénoun au fond de la vallée où le soleil étant sa lumière dorée. Je l’inspecte une fois de plus sous toutes les coutures, elle a enfin séchée avec ce vent tenace ce qui me rend la tâche plus aisée. Nous partons pour un premier essai en attelage avec elles assez concluant.
Les flaques sont toutes gelées et la gamelle d’eau de ma crapouette contient un glaçon moulé, il doit faire -4°C avec du vent. J’aide Philippe (mon coloc) à décharger le charbon qu’il est allé chercher à la mine N°7, on va en avoir besoin…
14/09
Neige, vent, froid, Tout est gelé et ma mousse au chocolat du 12/09 a complètement figé…
Ballade avec la formation en situation artificielle d’accompagnement sur le plateau au dessus de Longyearbyen.
Escalade le soir, nuit dans un nouveau bivouac (mais pas de la dernière chance cette fois) chez Steffen le colloc de Matt un gars de la formation.
15/09
Formalités administratives le matin
Cours de Botanique l’après midi (à développer… j’ai pas aimé)
vous trouverez ce dessous l’article de journal pour la Savoie du 15/09 : Interview sur mon périple
(je remercie au passage les relecteurspour leur aide précieuse)
16/09
Quel merdier!!!!!
GRrrrrr!!!!!! fais chier c’est de pire en pire!!!!
hier soir et ce matin : les flics débarquent à la maison (et hier soir ils m’ont emmené).
Le renard : il a été analysé : il a bien la rage.
Djénoun : Quarantaine (doit être séparée de tout être vivant à part moi pendant 14 jours) consigne du Sysselman
Sam : ils m’ont emmené pour m’entendre devant un auditoire de flics et un médecin, puis à l’hosto pour me vacciner contre la rage parce que j’ai été en contact avec le renard. Principe de précaution de leur part, je sais ce que j’ai fait, j’ai pris aucun risque!!!!!! J’suis pas suicidaire! J’ai l’impression qu’ils ne savent pas trop ce qu’ils font à part appliquer des procédures du genre « recette de cuisine ». Ils ont même pas su me dire pourquoi ils agissent comme ça et argumenter, le seul mot qu’ils ont à la bouche est : précaution… précaution….
Un véto monte ce week-end exprès de Norvège pour gérer la situation. Si Djénoun n’avait pas un taux si haut d’anticorps contre la rage, ils m’auraient demander de la tuer ou l’auraient shooté, même avec les vaccins à jour. Heureusement un test a été réalisé avant notre départ en France, c’est un test pour savoir si la vaccination a marché, il impressionne le véto qui dit ne jamais avoir vu un taux si élevé de toute sa carrière. Son taux exceptionnellement haut lui donne un surci de 14Jours, ils veulent lui faire de nouveaux tests à la fin du mois… Je me demande comment ils vont faire la différence entre les anticorps synthétisés artificiellement par le vaccin et ceux synthétisés par Djénoun pour réagir contre sa contamination… En tous cas je suis confiant.
Ce matin ils vont faire une visio-conférence (véto + autorités + ministère à Oslo) entre temps Djénoun doit rester dans sa varri kennel (boîte de transport aérien) et je dois être le seul à entrer en contact avec elle.
A l’hosto j’ai rencontré une australienne qui est venu nourrir les chiens de ma colloc hier matin, Djénoun lui aurait léché la main en signe de bien venue (j’étais en ville). Elle me le reproche maintenant parce qu’elle a une blessure bénigne et craint d’être contaminée donc elle se fait vacciner (je précise qu’on était à J+4, et que le doc a dit qu’elle ne craignait absolument rien même sans la vaccination). Le poids de son regard et de ses mots était extrêmement désagréable, on aurait dit que j’étais un violeur d’enfant… Les rumeurs vont très vite ici, on est peu nombreux 2017 habitants et je crains le pire de ce côté là… surtout pour ma Crapouette…
17/09
Je suis resté presque toute la journée à tchater et à me reposer. Je ne sais pas si c’est le vaccin qui me sèche ou une réaction d’auto-défense de mon moral, mais j’en avais besoin… C’était Fukushima dans ma tête toute la semaine et j’y ai fait monter tous vos messages réconfortants… ça va mieux… Puis j’ai pris une énorme dose de courage pour aller à la douche. certains doivent ce dire pourquoi rentre t’il dans ces détails futils et intimes… on s’en fiche de sa douche !!!… peut être… mais la douche chez moi, ça commence par 12 bornes à vélo à -2°C pour aller à la ville! Donc ouais, il m’a fallu un peu plus de courage que lorsque j’avais juste à lever mes fesses du canap’! Pas de vent, pas de pluie, du soleil au loin… les ornières ont été figées par la glace, le vélo file, j’entends les clous des pneus qui sifflent, je suis heureux…
Je me suis une fois de plus perdu en route, dans mes pensées : En repensant à cette fille épouvantée et désagréable hier à l’hôpital, des questionnements émergent dans mon esprit sans que je m’en rende compte : pourquoi les gens ont si peur de la rage même si un médecin ou un véto leur prouve comme 2 et 2 font 4 que leur crainte n’est pas fondée?
Peur de la mort?….
Pourquoi on a peur de la mort? C’est quoi le problème?….. je ne m’étais jamais réellement posé cette question pourtant si basique! Je crois qu’on ressent une certaine crainte de la douleur, de perdre quelque chose…
mais quoi ?
Supposons que la mort ne soit pas liée à une douleur mais uniquement liée à la peur de la perte de cette chose, quelle est donc cette chose? Qu’est ce qu’on a de si précieux et qu’on a si peur de perdre avec la mort?
Evidemment on serait tenté de répondre d’emblée « la vie!!!! »
Cette réponse est beaucoup trop vague, ferme le questionnement et ne me satisfait pas. La vie est pour moi un ensemble de réactions chimiques très « imbriquées » les unes dans les autres au sein d’une matière constituée de cellules et capable de se « régénérer ».
J’espère ne choquer personne avec cette définition terre à terre, et en affirmant que je n’ai aucune émotion à l’idée de perdre au moment de ma propre mort cette matière qui n’est pas inerte, dont je ne suis pas particulièrement fier et qui n’est pas du tout rare à la surface de notre planète.
Alors qu’est ce qu’on perd ? Qu’est ce qui est rare ?
Je pense que la perte au moment de la mort est directement liée à une valeur temporelle… Un peu comme mon téléphone à carte norvégien quand j’arrive au bout du crédit « Et merde!!! j’ai plus de temps de communication!!! »
On aurait donc peur de perdre du crédit temps… ce qui expliquerait ma vie surchargée d’activités pour rentabiliser mon « crédit vie »… On aurait donc peur de ne plus avoir de « crédit vie »…
Si on poursuit la métaphore : mais alors ? qu’aurais-je donc eu à dire de si important si j’avais encore eu du crédit téléphonique ? (qui manque au moment de la mort…)
Surprise… : j’en sais absolument rien !
Ça voudrait dire qu’on aurait peur de mourir parce qu’on a peur de manquer de temps pour réaliser des choses, mais on ne sait pas quoi… Aurait-on peur de perdre « un quelque chose » qu’on ne possède pas ? Avouez qu’il y a un truc qui cloche…
Je pense qu’on effleure une notion d’espoir : les personnes en grande souffrance dans leur vie restent malgré tout parfois très attachées à la vie même s’il serait parfois tellement plus simple de l’abréger. La mort nous priverait-elle donc l’espoir ?
Tous le monde s’est déjà fait conseiller par un de ses amis qui nous conseille ( certainement très sagement) de vivre plutôt dans le présent que dans le futur. En effet en vivant dans le présent on limite la « perte d’espoir» liée à la mort. Je serai curieux de connaître la réponse à la question posée à une de ces personne : « As-tu peur de la mort ? ». Un simple « je ne sais pas » en guise de réponse serait la preuve d’un certain manque de recul par rapport à la question. Si la réponse est « non » je n’ai rien a perdre, cela signifierai que la personne vit réellement dans le présent ou tout au plus dans un futur très proche et qu’elle n’a rien a perdre avec la fin de la « carte de crédit temps ».
La mort est aussi associée à la fin d’une vie qui n’est pas forcément la notre et dont on souffre encore de l’absence : on à tous perdu un être cher. D’où cette impression négative liée une fois de plus à une perte : Certainement une perte de « crédit de partage ». L’importance de la vie d’un point de vue humain serait-elle donc liée à une notion de partage ?
Notre propre mort induirait donc une « privation de partage » chez nos proches, qui souffriraient de cette perte (sans aucune prétention de ma part liée à la perte de ma propre personne, juste par analogie à la souffrance que j’ai pu ressentir par la disparition de personnes qui m’étaient chères). La mort serait elle donc indissociable d’une création de douleur ?
Qu’aurais je pensé si la jeune fille de l’hôpital,
plutôt que de me lancer quelque chose comme :
« I’m here because of your fucking mistakes with your dog !!! Rabbies is a deadly deases and you acted like an irresponsable personne with your dog and this fox !!! » le tout chargé d’un lourd regard accusateur
Elle m’avait calmement expliqué : « Alors voilà : je sais pas si j’ai raison de paniquer mais si meurs, je risque de perdre tout mon espoir pour un avenir dans lequel je réaliserai des choses dont j’ignore encore aujourd’hui l’existance. Deplus la mort me priverait d’un « partage » avec mes proches chez qui ma propre mort générerait de la douleur ce qui me ferait culpabiliser. » J’aurais certainement rien compris et ces choses ne se disent pas… mais ça aurait été drôle. Je vais essayer de m’en rappeler pour mon dernier soupir sur mon lit de mort…
Bhaaaa… tout ça est un peu glauque comme thème… aller… on change !
Donc après ma douche que j’ai vaillamment gagnée et où je pense avoir vidé l’intégralité de la réserve d’eau chaude de la ville pour un moment de détente personnel et égoïste, je suis allé rejoindre mes potes de la formation. On peut dire qu’ils font tout leur possible pour me changer les idées et traduire leur langage de « pierre à feu » pour m’intégrer à leurs discussions. J’y découvre aussi l’article sur le journal du Spitzberg sur lequel on est (Djénoun et moi) mentionnés (voir en bas de page). La fréquence de mes regards par la fenêtre pour juger la quantité de luminosité à l’extérieur augmentait au fur et à mesure que le crépuscule avançait. A 9H30 j’ai décrété que la quantité de lumière du jour qu’il me restait devait être juste suffisante pour me permettre de faire le trajet en sens inverse pour retrouver ma Djénoun.
Je les ai donc quittés un peu à contre cœur mais il me tardait aussi de savoir si tout c’était bien passé en mon absence.
J’ai donc entrepris mon premier trajet entre chien et loup ou plutôt devrais-je dire entre « chien et ours »… Sensation nouvelle de se sentir à la merci d’un éventuel prédateur dont on ignore/suppose la présence… pas d’envolée vers des questions existentielles durant ce retour, juste la conscience de la saveur de l’instant, de l’émotion, liée à la perfection de ce coucher de soleil multicolore.
Voici le résultat de la traduction de l’article d’aujourd’hui dans le journal du spitzberg :
source de la traduction:
http://www.svalbardposten.no/nyheter/har-påvist-rabies
A la rage éprouvée
Mardi a été un haut conseiller de Espen Stokke du gouverneur d’Unis pour chercher les renards. (Photo: Karine Nigar Aarskog)
Posté par Karine Nigar ven. Aarskog, 16/09/2011 – 14:52
Fox le lundi ont été tués par un chien à Longyearbyen avait la rage.
- Nous avons informé les autorités et la population locale à travers notre site web. De plus, nous avons le contact avec l’Autorité en matière de quelles mesures nous devrions mettre en oeuvre, a déclaré un conseiller principal du gouverneur, Espen Stokke.
Il est, selon lui, la première fois depuis les années 1980 qui a démontré la rage à Longyearbyen. Gouverneur très au sérieux que la maladie est apparue dans la région et encourager les gens à rester en dehors des animaux morts et tous les animaux qui se comportent anormalement. Le général a mis en garde contre le contact avec le gibier, car on ne peut écarter l’infection.
Plus messages
Le gouverneur a la semaine dernière reçu plusieurs messages sur le renard qui a été un comportement anormal. Une femme a été mordu lundi par un renard arctique du Svalbard près Auto sur la zone de la mer. Elle a reçu un traitement contre la rage à Longyearbyen hôpital. Le même jour est venu le message sur un renard qui mort les pneus à proximité de Bykaia. Mardi le gouverneur a été appelé par un propriétaire de chien. Il a dit que le chien avait tué un renard qui avait été attaqué par jour, devant Unis. Le propriétaire avait pris soin de le renard et l’a livré au gouverneur dès mardi.
Évaluation des mesures Le renard est maintenant analysée par l’Institut vétérinaire national a démontré qu’il avait la rage. L’Autorité est l’autorité pour la zone, et ils seront, en collaboration avec le Gouverneur et les autorités sanitaires envisager des mesures pour prévenir la propagation de l’infection. Il est prévu que l’Autorité viendra à Longyearbyen dans la semaine prochaine.
Le chien qui a tué le renard était déjà très vaccinés contre la rage, mais il est néanmoins mis en quarantaine pendant 14 jours. Un vétérinaire prélèvera des échantillons de sang de celui-ci pour voir si elle est infectée.
Veau Consulté rennes
Gouverneur de la semaine a également reçu un avis d’un veau rennes étendu mort sur le plateau de la montagne de mousse autour de la bouche. Ce fut Espen Stokke et obtenu jeudi. Quand il est entré en contact étroit avec un autre renard avec un comportement anormal.
- Il n’a pas montré timidité naturelle, mais seulement se sont rapprochés lorsque j’ai essayé de l’effrayer. J’ai contacté l’Autorité pour demander des conseils, et ils ont décidé que le renard a été tué. Il a été tourné et est envoyé sur le continent avec la tête de veau de rennes, a déclaré Stokke.
Les deux animaux devraient être examinés pour la rage.
18/09
Ce matin : rando avec mon colloc Philippe pour aller collecter des points GPS pour son projet scientifique de PHD.
Le véto est passé très très tard, ça m’a un peu gâché mon aprèm…
Mais bon, tout devrait rentrer dans l’ordre pour Djénoun, beaucoup de choses sont faites pour calmer les esprits: même si certaines directives qui ont été prises sont inutiles selon lui (notamment la quarantaine et la prise de sang) tout le monde est hors de danger.
Il m’a conforté dans le fait que j’avais pris toutes les précautions requises dans cette situation et que je n’avais rien à me reprocher. Ça, ça fait plaisir de se l’entendre dire… et pour finir il n’a rien relevé de ce que je craignais (je me comprends)… Il revient demain et dans une semaine pour des prises de sang et comparer les quantités d’anticorps antirabiques.
19/09 Day off : Internet, lessives, hôpital pour vaccin anti-rabique, courses, escalade..
20/09 Cours sur la sécurité et la conduite de groupe.
21/09 Préparatifs pour le lendemain : organisation d’une sortie à la journée
22/09 Sortie sur Larshbreen, exercice de secours en crevasse, beau temps, soirée avec Steeve
23/09 feedback sur la sortie de la veille, préparatifs pour la virée de la semaine prochaine
24/09 Préparatifs du matériel pour la semaine prochaine
25/09
> 23H : Nouvelles « express » (je laisse comme c’était à l’origine me si c’était destiné à être des nouvelles provisoires) :
Pour ceux qui n’ont pas suivi l’actualité sur facede bouc,
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Ca craint… depuis que le renard qui a agressé Djénoun se révèle être bien enragé, la presse Norvégienne n’a pas attendu pour faire son travail de charognard…
« un chien a tué un Renard enragé au Svalbard » Cette phrase est mentionnée dans de nombreux quotidiens nationaux. Depuis ces incidents, ils ont pris de nouvelles mesures : ils traquent tous les animaux enragés pour les éliminer en les brûlant.
http://www.dagbladet.no/2011/09/20/nyheter/innenriks/svalbard/rabies/dyrenes_nyheter/18211496/
http://www.tv2.no/nyheter/innenriks/rabies-paavist-hos-rev-paa-svalbard-3384050.html
http://www.altaposten.no/lokalt/nyheter/article487564.ece
http://www.svalbardposten.no/nyheter/avliver-rever
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De pire en pire, apparamment tøus les mamiferes terrestres (renards, rennes, øurs) entrant dans la zøne røuge (a prøximite de la ville) de cette carte serønt abattus d’øffice et detruits par le feu, rage øu pas rage… Interdictiøn de laisser un chien attache en laisse sans surveillance. meme devant un magasin!!!
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Merci à tous pour vos messages, la chasse aux renards et aux rennes enragés a réellement commencé y a 3 jours, en hélico s’il vous plaît… C ridicule : ils chassent des renards pas plus gros que des chats avec des « Super Pumas »… heureusement que les mouches n’ont pas la rage sinon j’suis sûr qu’ils sortiraient des bazookas!!!!
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Semaines dernière plutôt théorique, en salle. Djénoun est restée à la maison « en quarantaine » séparée des autres chiens avec interdiction formelle de sortir de son parc. Dur, dur pour le moral, pour elle comme pour moi.
La semaine prochaine nous devions partir 5 jours en excursion, tout était prêt : le matériel, Djénoun, son sac à elle, le mien , le tout amené « en ville, la répartition du matos avec les coéquipiers…
J’ai eu un nouveau rendez vous ce soir avec le Vétérinaire… épouvantable… tout tombe à l’eau pour Djénoun comme pour moi :
Le Ministère de la Santé a placé le Svalbard en alerte de maladie contagieuse de catégorie A, ce qui n’est pas arrivé depuis plus de 30 ans: 500 nouvelles doses de vaccins anti-rabiques ont été montées à Longyerbyen et 30000 ont été collectées à Oslo, (Je c pas ce que c’est que ce merdier, on est à peine plus de 2000 sur la zone concernée…). Le véto suit les directives nationales et semble lui aussi complètement dépassé par les événements…
Bref, il ouvre le parapluie et attend la quarantaine de Djénoun de 14 à 45 jours, ce qui signifie que demain Djénoun et moi ne pouvons pas partir…. GGGGGGGGRRRRRRRR!!!!!!!!
Dès que je lui demande des explications, il me répond : « Tu sais, ton chien devrait être euthanasié alors faut pas trop en demander, je fais ce que je peux pour le sauver »
Les conséquences :
- sur l’instant : je me retrouve à Longyearbyen comme un con avec tout mon matos et ma crapouette (qui n’a plus le droit d’être en ville au passage), à 8H30 du soir, il fait nuit noire je précise…Bref… plan galère.
- à court terme : comment organiser le quotidien avec Djénoun qui reste immobilisée?
- concernant ma formation : si je ne peux faire ce « trip », qui est obligatoire pour ma formation, comment le valider? en refaire un après la quarantaine signifie refaire une expé. dans la nuit quasi-totale (Fin Octobre début novembre…). Comment valider ma formation?
- concernant Djénoun : s’ils gardent Djénoun quarante cinq jours de plus, pour observer son comportement, forcément qu’il va empirer: 45 jours au bout d’une chaîne de 3m avec la nuit permanente qui arrive, y’a de grandes chances pour qu’elle n’ait pas un comportement normal à la fin!!!
- concernant mon moral : après avoir passé cette semaine « d’inquiétude » séparé de Djénoun, à me demander si elle n’a pas arraché son piquet pour aller voir d’autres chiens (ce qui serait dramatique du point de vue des autorités), à me demander quand il pleut si elle n’a pas renversé la caisse qui lui sert d’abri… bref certains doivent me trouver un peu « papa poule » mais sur ce coup là j’assume complètement.
- concernant mes colocs : l’une d’entre eux a 10 chiens de traîneaux qu’elle entraîne pour l’hiver et qui ont étés en contact avec Djénoun.Ils étaient eux aussi en quarantaine la semaine dernière: vont-ils les mettre eux aussi en quarantaine prolongée? Si c’est le cas, je crains que l’ambiance à la colloc ne soit pas très « friendly »…
A PART CA TOUT VA TRES BIEN!!!!!
J’essaye de garder le moral, je commence à avoir l’entraînement, je sais très bien comment réagir: fermer les écoutilles et attendre le plus patiemment possible que la tempête passe, parce qu’il faudra bien qu’elle passe cette p….. d’tempête! Elle commence à durer…
J’avoue que la moutarde m’est montée au nez une ou deux fois ce soir… nottamment en rencontrant le Vet’ qui m’a dis direct en arrivant : « Hello, new’s are not very good for you… »
Aller… tout va bien… ou on fait tout comme…
et on continue…
26/09
>8h20
J’ai trouvé une solution pour partir quand même, pas le temps de développer, je dois refaire mon sac et être prêt dans 1/2h en haut de Longyearbyen.Si tout se passe bien, vous n’aurez pas de news jusqu’à vendredi.
Bises å tøus!
Je laisse ce message écrit sur le vif:Emilie ma coloc s’est proposée de s’occuper de Djénoun et me permettre ainsi de rejoindre ma formation pendant toute la semaine.
La difficulté était de convaincre le véto qu’une autre personne que moi puisse s’occuper de Djénoun.
Je n’ai su que très tardivement si je pouvais rejoindre le groupe car le véto n ‘a répondu à mes appels qu’à 8H10: il a accepté l’idée car Emilie est vaccinée contre la rage et connaît un peu ma Djénoun.
Je n’ai donc eu que 20 min pour refaire mon sac pour cette semaine d’itinérance entre glaciers et « wet lands »… j’ emporte mon propre fusil en plus au cas où il faille que je rentre seul en urgence pour retrouver Djénoun.
Juste à temps pour rejoindre mes co-équipiers surpris de me voir arriver puisque je les avais prévenu la veille que je ne pourrais participer au projet…
Le responsable de la formation m’a accueilli d’un large sourire et m’a proposé d’utiliser le téléphone satellite pour prendre des nouvelles de Djénoun chaque jour si je le souhaitais.
Je pense que lui aussi avait intégré que ma présence n’était pas envisageable pour ce « trip » puisqu’il avait été présent la veille avec le véto qui avait été formel.
J’ai donc pris en charge le groupe cette première journée, comme prévu; programme relativement improvisé (je n’avais pas la tête à préparer des spitchs…) mais satisfaisant malgré tout :
remontée du glacier de Longyearbreen, puis redescente derrière le col, Bivouac à Fardallen.
Paysages magnifiques, imprégnés malgré tout d’une ambiance très humide et froide.
Nous sommes soulagés de quitter nos sacs à dos surchargés, le mien affichait sur la balance 34Kg…
J’ai faim !
27/09
Je me réveille plein d’énergie et ne perd pas de temps pour me préparer.J’utilise mon avance pour me retrancher un peu et profiter intensément de cette ambiance très spéciale : un brouillard épais englobe notre vallée moussue…
Après avoir démonté toutes les tentes, nous reprenons notre route dans un brouillard très épais qui nous donne l’occasion de nous entraîner à de multiples exercices de navigation à la boussole et à l’altimètre. On utilise le GPS pour vérifier la précision de notre itinéraire réalisé avec ces outils.
J’appelle Emilie avec le téléphone satellite, la communication d’1 minute 5sec suffit pour me rassurer.
La nuit suivante c’est mon tour d’assumer une garde pour les ours: cela signifie veiller sur le camp durant 2 heures pendant que les autres dorment. Il faut être équipé de fusées de détresse pour essayer de faire fuir un éventuel visiteur et d’un fusil pour avoir un petit avantage au cas où la situation tournerait mal… Ça fait 10 ans que je fais des tours de garde par précaution contre les ours. Jusqu’à maintenant ces tours de garde s’effectuaient de nuit mais avec la clarté du jour permanent. J’avoue que le manque de visibilité lié à l’obscurité de la « vraie » nuit rajoute du piment à cet exercice. Le gel a déjà tout figé, comme si le camp avait été victime d’un de ces sortilèges qui transforment tout en pierre. J’ai besoin de me concentrer pour ne pas me laisser décontenancer (pour éviter la repet) par les aurores boréales qui dansent au dessus du camp, comme des spectres tout droit sortis de la mythologie scandinave.
J’ai un sentiment partagé au moment de retourner dans ma tente lorsque mon successeur arrive pour prendre la relève : j’ai sommeil mais je me sens tellement vivant dans cette atmosphère… j’aimerai en profiter plus longtemps.
Quant à la manœuvre pour s’insérer dans le sac de couchage, c’est tout un poème : la « fraîcheur » de la nuit (-9°C) hâte cette procédure qui doit être faite dans les règles si on ne veut pas ressembler à un vulgaire saucisson étriqué dans son filet sur un étalage du marché.
Ça rappelle un peu ces fameuses chaussettes qui ont rétrécies au lavage et qu’on essaye quand même d’enfiler ces matins où on a résolument pas le temps de trouver une autre paire de chaussettes qui n’aurait peut être pas rétrécie au lavage, celle là… Bref… je ne sais pas si je suis sous l’emprise de sortilèges ou victime des spectres qui rôdent au dessus du camp mais je retourne sans difficulté me blottir dans les bras de Morphée.
28/09
Au réveil, le camp est littéralement congelé, tout est givré.
Nous partons pour le camp suivant, le gel a solidifié le sol spongieux qui a imbibé nos chaussures les jours précédents et transformé nos pieds qui sont devenus tous fripés comme à la sortie d’un long bain (sauf l’odeur qui rappelle la Savoie et ses soirées Tartiflette…)
Détour par Grumunt, une petite concession minière abandonnée. Il y a beaucoup d’endroits comme celui-là, ici. C’est toujours très troublant de se dire que des centaines de gens se sont acharnés pour arracher à la terre ses ressources dans un univers si peu accueillant. Des gens ont rêvé de prospérité dans ces endroits, il se sont projetés dans un avenir fortuné et aujourd’hui il ne reste que les carcasses de bâtiments ornés de ferrailles rouillées témoignant d’une activité « germinalesque » aujourd’hui révolue.
Le nouveau camp de Bjorndallen est situé sur une des épaules d’un petit canyon. Depuis le début, on navigue en groupe de 4, un autre groupe est bloqué sur l’autre rive du canyon… erreur de stratégie…
29/09
Ascension du Habergnuten (1031m)
On sort d’un épais brouillard givrant qui saupoudre les chaos de blocs rocheux 100m sous le sommet. Le soleil réchauffe nos esprits même s’il ne s’extirpe que très péniblement au dessus de l’horizon alors qu’il est tout de même midi.
De retour au camp, notre petit groupe de 4 est en charge de cuisiner pour les 20 personnes de cette excursion. Au menu : couscous.Incroyable !!!! aucun des scandinaves ne connaît… On conclut par une petite mousse au chocolat qui fait son petit effet…
Le tour de garde de la nuit suivante (de 1H30 à 3H) est un peu moins imprégné de rêveries fantastiques : le brouillard est très épais, avec la nuit je ne vois guère plus qu’à 10m une fois mes yeux accoutumés à l’obscurité. Ma frontale ne m’est d’aucun secours : elle dresse un voile blanc sur la vapeur qui réfléchit la lumière qui m’éblouit et limite ma vision. Je reste alerte…
Mon prédécesseur m’a réveillé un quart d’heure plus tôt que prévu, est-ce involontaire ou voulait-il abréger son anxiété…
30/09
Pour la seconde fois j’organise la journée pour notre petit groupe de 4, je prends en compte les souhaits de chacun : mon coloc de tente est quasiment malade : il tousse et commence à avoir de la fièvre; la deuxième personne de notre groupe ne doit pas arriver trop tard car elle travaille dans la soirée et se plaint d’être fatiguée par les tours de gardes. Enfin la troisième est attendue par sa chérie…
Je laisse donc dormir l’équipe une heure de plus que prévue. Au réveil, tous les autres groupes sont sur le départ… Tous les autres groupes ont prévu de descendre toute la vallée pour atteindre un accès plus en aval qui permet d’accéder au plateau qu’il faut traverser pour rejoindre Lonyearbyen. J’improvise un autre accès plus téméraire par un vallon enneigé assez raide. On sort les crampons et les piolets et 45 min plus tard on débouche sur le plateau.
Boussole, azimut, visées…
Dernier groupe parti… mais premier groupe au point de rendez vous pour arriver tous ensemble en ville… je suis satisfait, j’ai atteint mon objectif : rejoindre avec mon groupe notre point de rendez vous le plus efficacement possible.
Je retrouve enfin ma Djénoun en soirée qui a profité de mon absence pour s’intégrer un peu plus à sa meute. Je ressens toute la tension générée par sa « réclusion »… On part faire un tour tous les deux. Le Véto a dit que Djénoun n’était plus en quarantaine mais en « observation » ce qui signifie qu’elle peut sortir de notre chenil selon des règles très précises et strictes : elle n’a le droit qu’a une sortie par jour pour se divertir dans une zone très précise et ne doit en aucun cas entrer en contact avec un autre chien.
31/09
Le matin : hôpital pour ma 4ème injection pour le vaccin de la rage, diverses courses en ville…
L’après midi : je déniche un pneu d’avion à la déchetterie, il est petit mais très dense et très lourd, il conviendra parfaitement pour lester mes escapades avec Djénoun : l’entraîner, elle, pour tracter quand elle pourra de nouveau intégrer sa meute de chiens de traîneaux, et moi, pour tirer une « pulka » lors de nos expés hivernales.
L’essai est concluant, on rentre « calmés » juste avant la tempête, la neige tombe à l’horizontale avec des rafales qui commencent à former des congères juste devant la porte d’entrée. J’abandonne mon projet de « bivouac de la dernière chance » du samedi soir (pour ceux qui ont suivi l’histoire depuis le début) et ne tarde pas à me tapir sous ma couette…
01/10
Approfondissement de la technique de traction de pneu d’avion mise en place l’avant-veille et essai d’un nouveau harnais pour Djénoun. Je crois que celui d’hier améliorait sa traction. A moins que ce ne soit la neige qui ait détrempé la piste et augmenté la friction du pneu qui fait un gros bourrelet de bouillasse-neige devant lui quand on le tire…
Dans l’après midi, j’entame la construction d’une vraie maison pour Djénoun (pour affronter l’hiver) en compagnie de Mats (qui est en formation avec moi) et Steffen (coloc de Mats) qui nous donne accès à tout l’outillage de sa société et nous dégote tout ce dont on a besoin.
Un vrai régal de travailler dans ces conditions : en fin de soirée on a presque fini, du super boulot :
Sa niche est munie d’une entrée et d’une deuxième partie complètement isolée : dessus, dessous et sur les cotés (avec de la laine de verre). Ici ça coûte une fortune. Steffen s’est arrangé pour me trouver tout ça « à l’oeil ».
En soirée je les emmène au Sval’bar : un café-restaurant du coin. Que c’est bon de savourer de la « vraie » nourriture… pas de la purée en poudre ou des nouilles chinoises…
Octobre 2011
02/10
Approfondissement de la technique de traction de pneu d’avion mise en place l’avant-veille et essai d’un nouveau harnais pour Djénoun. Je crois que celui d’hier améliorait sa traction. A moins que ce ne soit la neige qui ait détrempé la piste et augmenté la friction du pneu qui fait un gros bourrelet de bouillasse-neige devant lui quand on le tire…
Dans l’après midi, j’entame la construction d’une vraie maison pour Djénoun (pour affronter l’hiver) en compagnie de Mats (qui est en formation avec moi) et Steffen (coloc de Mats) qui nous donne accès à tout l’outillage de sa société et nous dégote tout ce dont on a besoin.
Un vrai régal de travailler dans ces conditions : en fin de soirée on a presque fini, du super boulot :
Sa niche est munie d’une entrée et d’une deuxième partie complètement isolée : dessus, dessous et vsur les cotés (avec de la laine de verre). Ici ça coûte une fortune. Steffen s’est arrangé pour me trouver tout ça « à l’oeil ».
En soirée je les emmène au Sval’bar : un café-restaurant du coin. Que c’est bon de savourer de la « vraie » nourriture… pas de la purée en poudre ou des nouilles chinoises…
03/10
Rangement et entretien du matériel commun utilisé pendant la semaine dernière, vérification de toutes les tentes pour les envoyer en réparation si nécessaire. Entrainement avec Djénoun le soir
04/10
Présentation de la société « Basecamp »soirée avecl’équipe de basecamp pour leur donner un coup de main au chenil, rencontre de Cristin et Martin, super moment, petit entrainement avec Djénoun le soir.
05/10
Présentation de différentes sociétés de tourisme du svalbard : Snowmobile SSU, Poli arctici, Sitpzbergen travel…Entraînement avec Djénoun, ça y est elle arrive à tirer le pneu toute seule sur la partie plate (10km)
06/10
Présentation de la société de logisitque Stigg Henningsen, présentation des compétences aquises pendant le « 5 Day trip », Lessive le soir à Nybyen (les barraques comme ils disent ici… la zone…), session musique avec Steve et Laki, trop bien!!! Retour à vélo très tardif dans la nuit…
07/10
Visite de la société Svalbard Husky.
Eike (ma coloc) est en colère : pour divertir ses chiens, elle les libère dans un enclos, mais je lui ai demandé de ne pas libérer Djénoun quand je ne suis pas là. Forcément Djénoun aboie sans relâche et saute dans tous les sens pour les rejoindre. Excédée par cette attitude, elle prend l’initiative d’isoler Djénoun dans une de ses caisses de transport aérien. Il n’a pas fallu longtemps à Djénoun pour l’exploser et en sortir… Bref, il a fallu que je mette les choses au point avec Eike : elle avait déjà pris une mauvaise initiative en mon absence le dernier jour de mon raid de 5 jours : libérer Djénoun avec le plus dominant de ses chiens pour être sûre que Djénoun n’ait pas le dessus étant donné qu’elle est « assez » dominante… Bref, apparemment le chien (groenlandais) pensait avoir le dessus, elle a encore fait sa pirouette habituelle et l’a mordu au cul… résultat : en rentrant le soir : j’ai dû jouer les chirurgiens et réparer les manœuvres de dominance de ma crevette, huit points de suture quand même…
Donc j’ai dû lui expliquer, en enfilant ma paire de gants la plus souple que pour faciliter l’harmonie de notre micro société canine, il serait bon d’éviter les initiatives avec Djénoun en mon absence… tant qu’elle fait les frais de ses expériences, ce n’est pas mon problème mais en réalité, je crains qu’un jour ce soit ma crevette qui en fasse les frais…
Remplissage de l’eau pour la maison : la manip consiste à prendre un réservoir de 1000L, aller en ville, le remplir chez les pompiers, revenir… ensuite il faut mettre en place le système de pompage : on vide progressivement ce réservoir dans un baril dans lequel une pompe éjecte l’eau jusque dans les deux réservoirs de 1000L chacun de la maison. Entre temps il y a toujours un tuyau qui se débranche ou un réservoir qui déborde et après il faut tout vidanger à cause du gel. Autant dire qu’à ce moment là, je me félicite de faire mes lessives et de prendre ma douche en ville…
Entraînement avec Djénoun : nos 10km de piste et toujours ce regard rempli d’incompréhension avant de rattaquer la montée du retour qui mène à la maison, je crois l’entendre penser : « mais si t’y tiens tant à ce magnifique pneu, pourquoi c’est pas toi qui le tires… et puis t’as vu la montée là ? Tu m’as bien regardée… c’est hors de question !!! » Alors je m’accroche à mon précieux butin avec elle et on le tire tant bien que mal pour le ramener chez nous.
J’abandonne lâchement ma princesse pour rejoindre la soirée « Friday gethering » traditionnelle soirée des étudiants du Vendredi Soir à l’université. Au risque de vous décevoir (pas de nouvelles croustillantes…), je passe l’essentiel de la soirée à essayer de me maintenir sur la « slak line » tendue entre deux piliers avec mes potes de la formation de guide.
08/10
Réveil tardif…
Cette fois on part (avec ma coloc Eike) entraîner tous les chiens avec la voiture. En voyant les photos certains pensent peut être : « waouuuu énorme, ça a l’air trop bien !!! » Etrangement, je crois pouvoir affirmer que je n’y prends absolument aucun plaisir pour l’instant…
Déjà il faut atteler les 11 chiens : mettre tous les harnais, installer les lignes de trait, 1 chien sur deux pousse des cris qui rappellent la traditionnelle saga de la « tue-cochon » en hiver, le coup de marteau en moins… ça prend une bonne demi-heure, car Eike change et rechange d’avis plusieurs fois sur la constitution de l’attelage. Pour mettre en branle notre cortège elle me demande d’aller en avant pour guider les chiens.
Et là… grand moment de solitude… Peut être que c’est parce que je ne parle pas Norvégien ou allemand (comme elle…), ou chien (comme eux)… en tout cas, les deux chiens de tête ignorent tout autant ma présence que les vociférations teutonnes de ma coloc qui gesticule en tous sens au volant de la voiture. Les deux leaders tirent dans une direction que la voiture ne peut emprunter : droit dans le pentu… Les chiens aboient tellement fort que je n’arrive pas à distinguer si les exclamations d’Eike me sont destinées ou pas. Le soleil est pile dans l’alignement du véhicule, j’avoue avoir perdu la communication sonore et visuelle quelques instants partagés entre me décaler pour rétablir la connexion ou agir sur les chiens pour les remettre sur la voie… bref… je sais plus trop comment ça s’est terminé… mais j’ai fini par sauter dans la voiture en marche comme les cow-boys dans les westerns qui sautent dans les trains en marche !!! ok… ok… le cheval en moins… pis c’était pas un train… pis la voiture allait pas très vite… mais quand même quel courage, quelle audace, quel homme!!!!
A peine partis Eike veut qu’on s’arrête en bas de la descente… en même temps j’avais rien voulu dire vu que j’y connais rien, mais ça coule de source : elle a mis Djénoun au milieu de l’attelage, juste devant une femelle en chaleur. Résultat, ma Djénoun passe son temps à se retourner pour aller à sa rencontre au lieu de tracter. On permute donc Djénoun avec d’autres chiens pour la mettre à l’arrière de l’attelage, sitôt la voiture en mouvement, Djénoun tire comme un buffle sans relâche dans l’espoir de rattraper les autres chiens juste devant.
1km… de nouveau une pause…
Retour jusqu’à la petite montée (1km), on s’arrête… pourquoi ? Eike me dit qu’elle veut que les chiens se reposent pour les faire grimper à pleine puissance dans la montée…
De retour à la maison : on se la refait mais à l’envers… cris de cochons (essoufflés…) démontage des harnais… encore une demi heure…
Si on y regarde en prenant de la « distance » :
1/2heure d’installation
+ 1H pour faire 4km (avec les pauses)
+ 1/2heure de désinstallation
= 2H pour faire 4km
soit du 2km/h de moyenne… avec du stress, du « bourrinage », des cris…peu de plaisir…
Faut que je me fasse expliquer parce que là y’a un truc qui m’échappe…
09/10
Je reprends mon entraînement seul avec ma Crapouette… quelle bonheur…
Petite musique bien cadencée pour courir (Hilight tribe, Wax tailor, Chinese man…)
pas de stress, pas de cris… piouuuuu…. que c’est bon…
J’évite la proximité d’un énorme attelage tractant un 4X4 : 18 chiens attelés !!!!! trop beau, trop énorme…
Sur le retour j’en profite pour tester le « mental » de ma coéquipière qui, quelques minutes plus tôt me suppliait de l’aider à tirer mon cher pneu… J’ai évidemment succombé à son regard implorant et attendrissant… mais je me suis mis à l’écart quelques minutes pour que la meute suivie du 4X4 nous double et attaque la montée. Je me décroche du pneu et sollicite ma partenaire.
Elle s’élance au grand galop dans la montée encore plus rapidement que lorsqu’on tire à 2 sur le plat… derrière nous le pneu ne touche plus le sol qui libère un nuage de poussière (ça y est… on est de nouveau dans le Far West…). Je vois défiler à toute allure toutes les variations de déclivité où Djénoun me lançait ses regards appitoyés… quelle comédienne!!!
J’ai du mal à suivre… je commence à être essoufflé… cette fois c’est elle qui me regarde l’air de dire « ben alors mon gros… faut se mettre au sport… en plus c’est moi qui tire le pneu toute seule… »
Grrrrr… ma dignité en prend un coup… sale cabot !!!!!! En tout cas t’es une sacrée comédienne…
De dépit, je démarre la tronçonneuse dans l’après midi et me venge sur une pile de vieux morceaux de bois de récup’ pleins de clous pour faire du bois de chauffage. On chauffe au charbon de la mine d’à coté mais il faut du bois pour amorcer la combustion du charbon.
La tempête se lève… bourrasques… neige… -9°C…
10/10
La tempête n’a pas cessé pendant les dernières 24H, il ne neige plus. Il fait presque beau mais le vent soulève la poussière qui forme un vrai brouillard dans la vallée qui ressemble maintenant à un désert saharien version polaire…
Je regarde par la fenêtre les mini-tornades se former et j’avoue avoir quelques difficultés à maintenir mon attention sur la conférence qui traite de l’importance de la sauvegarde de l’héritage culturel au Svalbard. A mon sens ces dispositions arrangent bien les Norvégiens qui s’affranchissent ainsi de débarrasser toutes ces saloperies mises en place le siècle dernier pour extraire du ventre de l’île le précieux charbon acheminé sur le continent… Du coup d’innombrables câbles et morceaux de tôle rouillés jonchent la toundra à proximité des sites mais il ne faut surtout pas y toucher… c’est « cultural heritage »…
Cultural garbage ouais…
Ho non!!!!! Ce soir encore j’ai pété la gueule à une tablette de chocolat… oui! oui! oui!… toute entière et à moi tout seul… 200gr : chocolat au lait/amandes/raisins… Rhoooo… hier soir déjà… Le seul moyen de combler le manque est de d’engloutir un nouveau carré de cette substance marron qui éveille à chaque prise un feu d’artifice dans mon palet…
J’adresse un message de détresse!!!!!! Existe-t-il des groupes de discussions anonymes de désintoxication??? Je ne sais vraiment plus quoi faire contre mon addiction… mon cas est désespéré… en plus ça me coûte une fortune… A L’AIDDDDDDEEEEE!!!!
11/10
Législation du tourisme au Svalbard, discussion sur les différents projets de stages réalisables prochainement dans compagnies, préparation de la sortie sur glacier du lendemain.
12/10
Entraînement : secours en crevasse.
L’ambiance est particulière : pas de vent, les nuages laissent deviner quelques rayons de soleil qui essayent d’embrasser une dernière fois les sommets avant la longue nuit.
Vu globale des exercices de secours :
Détail secours :
Traction de la victime :
Sortie de la victime :
Difficile de quitter le glacier et cette ambiance minérale : 4 d’entre nous décidons de prolonger l’expérience, c’est reparti :
2 broches à glace et une sangle pour un ancrage solide, on jette la corde dans le ventre du glacier. L’un après l’autre nous commençons la descente en rappel dans ce trou dont on ne voit pas le fond.
Mes compagnons n’ont pas voulu emmener la deuxième corde. Étant le seul à juger peut- être utile de la prendre, je n’ai réussi à les convaincre de l’emmener. J’ai du mal à m’y résoudre. Étant le dernier à quitter la surface, je décide d’attacher la bobine de la deuxième corde à l’autre extrémité de celle qui allait me servir à descendre. En cas de nécessité il suffirait de tirer sur un des deux brins pour faire tomber cette deuxième corde avec nous.
Descente Laki :
Sam :
Vue depuis l’intérieur de la crevasse :
Une exclamation m’indique que c’est mon tour de me précipiter dans l’orifice. Je place le fusil à proximité de la gueule de notre monstre de glace au cas ou un comité d’accueil nous attendrait à la sortie et entame ma lente descente sur la corde. Par son ruissellement, l’eau a érodé la glace en sculptant des courbes qui révèlent la nature profonde de la glace. Les volutes de glace drapées de neige fraîche se succèdent et j’aperçois bientôt à la lueur de ma frontale mes compagnons qui m’attendent sur la surface d’un bassin pétrifié. Chacun de nous arbore un large sourire de satisfaction, un peu comme des gamins qui sont fiers de leur bêtise. Les parois qui nous entourent sont lisses et bleutées, dans la partie amont un toboggan vertical alimentait cette crevasse depuis la bédière facilement identifiable à la surface malgré les accumulations de neige.
En m’approchant de l’endroit où la cascade remplissait le bassin mon pied droit passe au travers de la glace… Rhaa..non… pas ça… pas les pieds mouillés… pfffff… ça me casse un peu mon délire : la glace au fond de cette crevasse n’est donc pas aussi épaisse que ce que nous l’espérions.
En considérant cette nouvelle donnée, s’encorder dans cette crevasse serait donc plus raisonnable. La corde fixée à la surface allait être utilisée pour notre remonté, on ne pouvait donc pas l’utiliser. En tirant sur le deuxième brin, la deuxième corde nous rejoint comme je l’avais escompté. Chacun se connecte à notre « ligne de vie » et j’entame la progression dans le boyau à peine assez large pour me laisser passer. Mon sac à dos rappe sur les parois, de nouveaux toboggans débouchent sur un nouveau bassin. Un bruit sourd raisonne lorsque je pose le pied sur la surface horizontale, je décide de forer la glace avec le piolet pour vérifier l’épaisseur de glace me supportant. La couche de glace mesure 5-6cm et à peine la perforation terminée un geyser jailli de l’orifice. Une alimentation d’eau par le fond de la crevasse fait sûrement augmenter la pression d’eau sous la glace.
Je ne suis pas certain que cette épaisseur soit la même partout et puisse résister au poids total de l’équipe, décide donc de battre en retraite. Je prépare le système qui va me permettre de remonter sur la corde qui nous connecte à la surface. La remontée est plus besogneuse que ce que j’avais prévue, le sac à dos et l’équipement me tirent en arrière comme un ivrogne suppliant qu’on le ramène chez lui. Le dernier mètre est particulièrement inconfortable : la corde frotte sur la lèvre de la crevasse, le haut du corps n’accède plus qu’à des supports horizontaux tandis que les pieds ne peuvent que pousser verticalement…
J’ai l’impression de faire surface comme un phoque qui sortirai de son trou de banquise. J’espère ne pas trop rentrer dans ce rôle et qu’aucun prédateur ne rode à proximité. Il me semble entendre des voix au loin sur le glacier … Dans la nuit ?… nan… j’ai dû rêver…
J’installe 3 brins de corde supplémentaire sur 3 nouveaux encrages pour que mes compagnons puissent entamer leur remonté simultanément. Pendant leur remontée, j’entame ensuite la préparation d’un mouflage (système de démultiplication par poulies). L’arrivée de mon deuxième coéquipier libère une corde qui permet de finir le dispositif, nous achevons l’ascension des deux autres coéquipiers par de multiples va et viens qui permettent de les tracter progressivement.
remonté sur corde :
3 cordes de remonté :
Remonté sur corde :
rremonté sur corde :
Sortie du moulin :
Deux étudiants ayant aperçu nos tribulations nous rejoignent. Leur « arsenal » révèle l’objectif de leur virée : chasse aux lagopèdes… Il sont visiblement bredouilles et pas très fiers de se retrouver si tardivement sur le glacier sans équipement. De longues explications m’échappent pendant le retour en langage de « pierres à feu »… Je pense à Djénoun qui doit se demander si j’ai déserté la meute, si je vais revenir cette fois ci encore… Je pense aussi au retour en vélo dans la nuit noire avec tout mon accoutrement et mon pied mouillé… Aller… en avant…
13/10
Vélo de bon matin sur la piste… brrrrr… ça commence à cailler…
Rendez vous à l’aéroport avec le personnel en charge des évacuations et des secours sur l’île.
Les interventions de secours sont réalisées avec un Super Puma (hélico.).Discussions avec le pilote et le chef secouriste très intéressantes sur les manœuvres, ce qu’on peut faire pour faciliter l’atterrissage et le secours.
Rencontre du responsable de la direction des secours sur l’île chez le Sysselmannen (équivalent gendarmerie) longue discussion sur les secours les plus classiques en hiver et les erreurs à ne pas commettre.
Petite ballade en ville avec le responsable du « cultural… héritage » du Sysselmannen, sur l’histoire des mines autour de Longyearbyen.Long entraînement avec Djénoun en soirée…satisfaisant… 12km avec 2 grosses montées.
La musique dans mes oreilles s’accorde exactement au rythme de mes foulées et ne tarde pas à m’emmener avec elle, le temps s’écoule différemment. Les rafales soulèvent la neige qui rampe avec nous sur la piste en étirant d’infinies arabesques qui rappellent les oscillations des champs de blé quand le vent les fait danser. Les champs de blé me manquent ici, mais je commence à entre apercevoir la vrai raison de ma présence ici… Le programme de formation est certes très intéressant mais il est surtout le prétexte dont j’avais besoin pour me soustraire (au moins provisoirement) au mode de vie que j’avais en France. J’ai longtemps cru qu’il suffisait de programmer des projets, d’atteindre les objectifs qu’on s’est fixés pour accéder à un état de satisfaction. Le but pour la plupart des humains de cette planète est l’accès au bonheur en temps que finalité. Ce projet, cette fin en sois est liée à notre condition d’Homo sapiens qui en général tire une satisfaction de la possession. Notre culture, notre société, l’économie, nous conditionne dans ce sens et le processus s’auto-alimente : plus on possède, plus on a envie de posséder. D’où la place prédominante de l’argent dans notre société et les difficultés que certains rencontrent pour créer des systèmes d’échanges alternatifs au système monétaire. Mais il reste une valeur qui résiste à notre avide désir possession : le temps.
Bien sûr on a tout essayé pour le contrôler depuis l’invention du sablier jusqu’à l’horloge atomique, en vue de le posséder, on l’achète mais on ne peut le retenir… D’où ce sentiment de frustration et les conséquences qui en découlent (entre autre : l’appréhension du dernier instant et la rentabilité de nos activités… La solution de compensation est d’essayer de posséder le passé ou le futur. Si ce n’était pas le cas personne ne prendrait de photos ou ne programmerai de partir en vacances. L’exemple le plus flagrant s’observe fréquemment chez certains « glob-trotters » que j’accompagne au Spitzberg mais qui parlent essentiellement de leur précédant trip en Afrique et de leur prochain en Amérique du Sud, comme s’ils ne possédaient l’instant que dans son projet où dans son souvenir.
Ces vies m’inspirent de moins en moins et je me rends compte que je suis moi aussi à ma manière victime de cet engrenage : je crois que je comprends seulement aujourd’hui pourquoi à l’instant où j’accède à un objectif , la satisfaction n’a jamais été à la hauteur de ce qu’elle aurait dû être : j’avais déjà le projet suivant en tête « en projet et n’ai pris le temps de me réjouir de l’instant présent.
J’ai l’impression que si le seul sentiment que je peux éprouver quand j’atteinds un objectif est l’élaboration du suivant, alors ces projets perdent vraiment de leur sens. Comme un marcheur qui à chaque pas serait focalisé sur le suivant et non sur le paysage qui défile autour de lui. J’ai le sentiment que les instants de bonheurs les plus intenses étaient dissociés de mes objectifs de vie : comme des paysages inattendus le long d’un chemin parsemé de marches planifiées ou encore pendant ces temps « en suspension », en déséquilibre entre deux projets, ces rares moments dans une vie ou rien est prévu, ni pour le lendemain, ni pour les jours d’après… Le temps prend alors une autre dimension. L’espace temps n’a plus besoin d’être rempli coûte que coûte… La solution pour accéder plus facilement à un bonheur certain serait-elle d’arrêter de poursuivre des objectifs et de continuer à rêver en se laissant bercer au gré des opportunités ?… à voir…
14/10
Explications sur l’activité minière au Svalbard (économie, systèmes d’exploitation, histoire, processus géologiques…)
Une énorme tempête s’est levée neige plus vent à 30m/sec… ça fouette le visage…
Slak-line en soirée comme tous les vendredis soirs, je me régale…
15/10
Préparation de la soirée « Ice breaker » de l’université qui a pour thème « under the water » la créativité de chacun m’impressionne : création d’une épave de bateau d’une dizaine de mètres de long, décorations d’algues, déguisements… bluffant…
16/10
rangement de la soirée,
Retour à la maison
Longue promenade « détente » avec Djénoun
Je crois que j’ai vu le soleil pour la dernière fois… Mercredi sur le glacier, je me disais déjà que je ne le reverrai sûrement pas d’ici le printemps en Mars, 4-5 mois… J’étais déçu de ne pas être capable de me rappeler de mon dernier rayon de soleil. C’est chose faite, au détour d’une vallée, il a hissé péniblement son zénith jusqu’à l’horizon qui lui a fait la courte échelle… Quelle sensation étrange… je me suis surpris à murmurer des phrase à son intention « Aller soleil… caresse ma peau encore une dernière fois… » Je le regardais en face, appréciant cette sensation d’éblouissement qui jusqu’à aujourd’hui ne m’évoquait qu’un inconfort que j’essayais d’éviter. Je suis resté immobile, acceptant les photons sur ma rétine jusqu’au dernier capable de franchir l’horizon… C’est fou comme un petit trois fois rien peu prendre une importance démesurée ici… après tout ce n’est qu’un rayon de soleil… Pourtant, une fois reparti sous la surface de l’horizon j’ai eu du mal à repartir sur mon vélo. Difficile d’exprimer ce sentiment au milieu de la vallée sur cette piste rectiligne que j’emprunte quotidiennement. Ça me rappelle ce sentiment désagréable qu’on éprouve quand on amène quelqu’un de cher au train, le train démarre, on le voit s’en aller au loin et on reste un peu désemparé sur le quai… On a du mal à s’arracher du tableau même si on a plus rien à y jouer… je crois que ces quelques mètres de piste pas très loin de la rivière qui n’étaient jusqu’à aujourd’hui que quelques cailloux de plus parmi les milliards qui constituent la chaussée on pris une valeur particulière aujourd’hui. Je ne serait pas surpris que chaque « jour » de la grande nuit en passant à cet endroit je repense à la douce caresse de notre étoile dont la présence m’était si souvent indifférente.
Plåntåge de l ørdi… j espere le repårer åu plus vite, ou ålørs il fåudrå en råcheter un…
des que j åi un clåvier nørmål (Fråncåis evidemment) je remets un messåge
bises å tøus!!!
17/10 Bon.. un clavier anglais c deja ca…
Cours pour ajuster l’activite de guide aux attentes des clients
18/10
Chaque groupe presente aux autres un theme : La conquete des poles, les adaptations du rennes au milieu arctic, La vie sans lumiere, l’activite miniere, la vie des trappeurs au Svalbard.
Retour a pied dans la nuit, magnifique plein d etoiles, l etoile polaire au zenit… trop fort…
19/10
Techniques de presentation, feedbacks sur les presentations
20/10
Discussions sur les problemes du guide face aux differences culturelles (chinois, scandinaves, allemands, Francais…)
21/10
J’organise une exploration speleo (Max, Kreistein, Djenoun et moi) sous le glacier pour aller chercher des recepteurs pour des scientifiques, merci a Djenoun pour son efficacite au retour ( c’est elle qui a ramene les recepteurs, on etait deja encombre avec le matos pour les demonter)… Experience inoubliable, extraordinaire : 3H de marche dans la neige, rentrer dans un trou dans la neige, poursuivre en rampant sous un plafond parfois de 25cm sur 350m… perdu sous un glacier au milieu de nul part, aucun moyen de communication sous le glacier… sortir des outils, commencer a travailler…. pffff. enorme, j’ai adore!!!
Rencontres sur le trajet aller, 14h00 environ…
Exploration de la cavite sous le glacier
Les rochers suspendus au plafond…
Impossible d aller plus loin… l’eau est liquide, et le conduit est obture par des sédiments…
Les appareils de mesure à trouver, déterrer du sol gelé et les ramener :
Sortie et retour 20h00 environ…
22/10
Lever tardif… essai de la voile de kite avec Djenoun dans la nuit… faut pas s emmeler… trop bon…
23/10
Premiere sortie de ski de rando sur le glacier de Larsbreen juste avec Djenoun, la neige est dure mais quel plaisir de chausser les skis avec la crapouette, exploration d une nouvelle grotte avec Djenoun sur la route du retour, une salle toute cristallisee, des cristaux de glace gigantesques, juste magnifique, féérique, magique…
Retour a pied de nuit dans une tempête de sable : le stop le dimanche soir (peu/pas de voitures ) avec un chien : pas top… 2h de marche… je crois qu il faut acheter une voiture…
Sommet de Trollsteinen :
Exploration spéleo de la grotte sous le glacier de Larsbreen :
24/10
Entrainement de tir (ours polaires): avec un sac a dos, en s aidant des batons de skis…
25/10
Exercice en situatution avec tir : montage des tentes , scenarios (reveils nocturnes+tirs), gestion de groupe (arrivee d un ours +tir…)
Entrainements avec Djenoun, 14km avec le « pneu sacre »
26/10
Examen de securite « usage des armes a feu et ours polaire » (épreuves théoriques et pratiques), il faut avoir 75%pour valider l examen, je vise le 100%!!! J’ai toujours ete a la rue en cours mais maintenant c’est different, je ne veut pas etre le meilleur mais je veux donner le meilleur de moi même… resultats apres demain… Djenoun etait avec nous, depuis notre arrivee ici on a tire environ 400cartouches chacun (X17 etudiants), c est bon, elle a plus peur maintenant, elle dort malgre le bruit (je la laisse a une distance suffisante pour ne pas endomager ses oreilles).
tartiflette improvisee chez mon pote Steve, faut bien leur expliquer la vie de chez nous a ces teutons…
27/10
cours de Navigation (Carte, boussoles, GPS, ordi, logitiels…)
28/10
tentative de reparation de mon ordi, je suis sur la bonne voie, j ai deja reussi a sauver la plus part de mes donnees…
29/10
Ca y est!!! j ai achete une voiture, fini le stop de nuit, la tempete, le froid, comme dimanche dernier…
la seule voiture francaise de l ile… hihihi… un 306, pigeot mon frere… pigeot… les norvegiens levent les yeux au ciel en entendant ce nom qui visiblement ne leur evoque pas la fiabilite incarnee.
Un probleme mecanique semble perturber son vendeur qui accepte volontier de baisser le prix : le pot d echapement est casse en 2 parties… pour mon plus grand bonheur : ca me donne un bon pretexte pour trouver un poste a souder et occuper mes 10 doigts une apres midi… en soiree je fini la maison le toi de la maison de Djenoun : un vrai place, isole sur toutes les faces, de quoi affronter le pire des blizards de la planete.
30/10
La neige a mis une couche de peinture neuve sur Longyearbyen ce matin… de toute beaute,
Djenoun s est mise en boule et se laisse delicatement envelopper dans cet habit de satin immacule qui rappelle la tenue legere d une de ces lingerie rafinee…
de la vraie neige : en couche epaisse… sans vent… sans poussiere… comme celle qu on depose uniformement sur la sapin de noel…
A ma gauche, je vois par la fenetre, ce spectacle surrealiste que j essaye de graver dans mon esprit pour toujours, juste en dessous gesticulant sur le sofa : 3-4 collegues poursuivent la soiree de la veille dans les rires et la joie avec une bonne bouteille de vin. Une musique douce mais rythmee rajoute de la puissance a cette instant… un de ces etranges matins ou tout semble hors du temps, simple mais decalle… je ne consomme jamais de drogue, n ai pas bu une goutte d alcool depuis l age de 17ans… et aujourd hui encore je sais pourquoi, ces instants sont si parfaits, si puissants que je veux toute ma conscience pour en savourer la substance jusqu a la moelle.
Les cristaux liquides de cet ecran me connectent virtuellement a mes reperes affectifs et jalonnent mon quotidien, je savoure vos messages comme mes 3h de « clarte » quotididienne me rappellant qu il y a aussi de la vie, de la lumiere… du soleil… quelque part derriere l horizon plus au sud…
Bonne journee a tous.
31/10
Premiere journee de formation aux premiers secours en milieux polaires, juste enorme!!!! je me regale! Ma coloc est bien gentille mais ca colle pas… Djenoun.. prepare toi… on met les voiles…
Novembre 2011
Pour bien commencer le mois…
01/11
Deuxième jour de formation aux premiers secours en milieux polaires, c’est comme une formation aux premiers secours sauf qu’il faut prendre en considération le froid (-30C), l’isolement et le temps d arrivée des secours qui peut être très très long à cause de la météo, massages cardiaques, bouche à bouche et tout le tsoin tsoin…
02/11
Formation spécifique sur l hypothermie.
En soirée : ça y est j’ai atteint le point de non retour avec ma coloc, je décide de mettre les voiles… quelqu ‘un de très gentil mais ça peut pas le faire… je ne suis pas venu ici pour mener ce genre de vie (je ne détaillerai pas ici ce qui ne me plait pas…), disons juste que nos vies sont trop différentes pour pouvoir s accorder… moi qui croyait être tolérant… peut-être à reconsidérer… Aller Djenoun! saute dans la voiture on se barre…
Me voici le sans domicile Fixe le plus septentrional de la planète… pas peu fier… Faut juste un peu de matos… en tous cas je me sens encore plus libre…
03/11
Formation spécifique aux accidents traumatiques de haute énergie : les accidents de motoneige étant les plus courants… tests de fin de session : test pratique 100% de réussite, test théorique en Norvegien s’il vous plait… 60 questions… le prof les traduit et les lit une par une… la loose… résultat . 57/60 : je suis satisfait…
j attends toujours avec grande impatience les résultats des tests de sécurite par rapport aux ours polaires…
En soirée je m’installe chez mon pote Steeve… il vit deja avec une coloc : Anne Marthe qui est aussi en formation avec moi. Comment décrire… une maisonette de 25m2 (5X5m) ou ils sont déjà 2, avec plein de matos de musique j’ai noté en autre au moins : 3 guitares, une basse, un clavier, 2 amplis, des percus 3 grosses enceintes… la musique est toujours à fond… Les murs sont intégralement recouverts de dessins, de peintures laissés par les occupants successifs, Steve en est l’auteur de la majeure partie… D origine du royaume uni, en temps normal son extrême excentricité m’aurait certainement agacée. Mais ici, perdu dans la « fadeur » norvégienne, ce repère s’ouvre a mes yeux comme un oasis dans la nuit polaire qui est maintenant totale. Je me sent du même bord que lui… J’ai peint à mon tour, pour essayer de matérialiser cette sensation liée à ce lieu, je mettrai surement bientôt en ligne mes gribouillis… ma voiture sera dorénavant mon camp de base, je déplie mon sac de couchage sur un des 3 canap’ et Djenoun s’affale a mes pieds sous la table basse entre les cadavres de bouteilles de bière…
Oscar, un Finlandais un peu « lost in translation » aussi a rejoint la troupe pour la nuit, ils se retrouvent a trois dans le lit king size qui occupe l’intégralité de la surface de l’unique petite chambre…
Merci Steeve…
04/11
Grande ballade avec Djenoun jusqu’au glacier de Rieperbreen pour aller chercher une caisse abandonnée sur la moraine (je l’avais repérée 2 semaines plus tôt lors de notre expédition sur le glacier). Quand bien même c’est interdit, je lache Djenoun… libre dans la nuit… je distingue vaguement son ombre de loin en loin comme l ombre d’un spectre qui flotte sur la neige… quel plaisir de la voir libre, à l’état brut sans ce collier qui n’a aucun sens dans le monde des loups…
Soudain, je la sens se tendre et s’élancer dans l’obscurité… le murmure lointain d’un martellement de sabots sur le sol glacé me laisse comprendre qu’une harde de renne a éveillé ses instincts, ceux que j’ai toujours essayé de camoufler pour l’adapter à notre monde civilisé…. Mes vociférations ne parviennent pas à la faire renoncer a sa fugue, je panique un peu mais n’abandonne pas mes exclamations qui commencent a me désaccorder les cordes vocales…
Je perds le contrôle de la situation et de mes délires qui imaginent déjà ma partenaire « épinglée » par les autorités après un carnage ensanglanté…
Je la vois finalement revenir bredouille, toute penaude, rampante de honte, les oreilles tellement basses, presque incrustées dans son crane… je crois que si elle avait pu se mettre en dessous de la surface du sol elle l aurait fait…
Un sentiment partage m’empêche de réagir de manière construite…
Un paradoxe si puissant.. comment décrire?…
- si soulagé, heureux de la voir revenir… mais si déçu de l avoir vu partir quelques instants plus tôt, étanche à mes vagissements…
- si belle, si puissante dans l instant… sous le charme.. mais si exposée à un monde dont elle ignore la cruauté et l’incohérence… si libre de ses actions impulsives de prédation ou je suis le seul garant, la seule interface avec ce monde régi par les humains qui prétendent avoir le contrôle des chaines alimentaires et autres équilibres énergétiques… un sentiment de jalousie aussi m envahit : si seulement je pouvais moi aussi fermer les yeux sur cette absurde humaine liturgie…
BASTA!!!! Marre de plier sous toutes ces règles absurdes établies pour tenter dans un ultime sursaut d’énergie de maitriser un monde dont on n a perdu le contrôle a cause nos erreurs… pfff ouais… jaloux… et le pire c’est de voir les abus de cette hégémonie qui abuse de son pouvoir dans cette mascarade qui perd a mes yeux toute sa crédibilité…
Tout parait tellement plus simple, plus équilibré et sain dans la tête d’un loup : ça bouge… ça vit… j attrape… je mange… tout va bien…
Elle me regarde par en dessous avec son oeil noir, deux perles d’ébène dans la nuit soulignées de petits cils brillants comme maquillés pour un grand soir… Je m’arrache le coeur pour la réprimander, je la reconnecte au monde des humains avec cette chaine, cette laisse que je maudis… les cristaux de glace de la rivière se remettent à crisser sous nos pas, mes yeux se chargent et se perdent dans les étoiles…
05/11 et 06/11
La nuit totale a raison de mes rythme biologiques… je dors énormément mais suis complètement décalé, « hier soir » je me suis couche a 6h30 après avoir promené Djenoun et « ce matin » je me suis levé à 15h30, seul les horaires d ouverture des magasins me rappellent un semblant de rythme dans le quotidien…
Je ne sais pas si je me fais des films mais j ai l impression que la quantité d’alcool consommée (qui est déjà considérable en temps normal) a encore augmentée avec l’arrivée de la nuit. Je pense que les 2/3 de la population sont des alcooliques sévères… je veux dire : consommation d au moins un a deux litres d’alcool fort par 24h… en plus c’est détaxé ici pourquoi se priver…
J’avoue que ne consommant pas d’alcool et ne parlant pas Norvegien… le temps est un peu long parfois. Mais bon, je sais ce que je veux, je sais ou je vais…
07/11
Ecotourisme : comme le précise le terme précédant nous avons eu un cours d’écotourisme…
Ecotourism is : « Responsible travel to natural areas that conserves the environment and improves the well-being of local people. » (TIES, 1990)
pfff difficile de tenir ma langue, quelle blague : comment peut on nommer le transport de milliers de personnes dans des zones aussi sensibles « responsible travel »!!!! comment peut-on espérer que ce tourisme puisse conserver l environnement quand tous ces gens (moi y compris) sont déplacés à coup de m3 de kérozène… Cette manoeuvre de déculpabilisation de la clientèle en vue du maintien du marché m’agace…
Qu’on plante des arbres pour compenser une dette vis a vis de l’environnement quand on voyage, j’approuve! Evidemment c’est mieux que rien. Ce qui me déplait est l’idée que cette manoeuvre n’est pas réalisée dans un but de préservation de l’environnement mais juste un stratagème pour ne pas décourager la vache à lait…
Du coup les gens se sentent en accord avec leur conscience… vous voulez des exemples…
Payer une somme forfaitaire relative a la dette en CO2 (en avion 83,3g de CO2 par passager par Km) pour acheter des arbres et les planter en Amazonie, c’est très bien, bravo! mais je ne suis pas sur que ça compense vraiment la pollution du tourisme occasionnée dans l’artique… Faut assumer et pas se voiler la face!!! le comble c’est que de nombreux touristes se déplacent pour voir les vestiges des glaces au sommet du Kilimanjaro ou voir le retrait de la banquise en arctique. Ces modifications environnementales sont liées au réchauffement climatique global et ces transports en masse accentuent probablement le phénomène…vous allez surement me dire « oui mais de toutes façons, la production de CO2 par les transports est négligeable par rapport a la pollution relative aux industriels, certes mais on parle ici d’ écotourisme, je veux dire du sens étymologique du mot, de l industrie du tourisme qui pourrait être sans effet sur l’environnement… je pense que le terme est un abus de langage qui n est pas une maladresse… (et encore je ne m’étendrai pas ici sur le terme « éco » qui commence a me sortir par les trous de nez!!!! Ce terme « éco » qu’on retrouve maintenant partout, du grec ancien oîkos « maison » qui devrait désigner ce qui a attrait à notre maison : l’environnement, ne désigne plus pour moi qu’un message du genre « vas-y tu peux m acheter en fermant les yeux sur ta bonne conscience… »). Bref… ils pourraient au moins limiter la casse en qualifiant ce tourisme d’éco friendly » ce serait un peu moins pire… si tant est que la gestion de ce tourisme limite son impact sur « notre maison »… encore que…
Alors puisqu’on parle « d’éco-friendly »… dans le genre il y en a un que j adore : c’est le petit autocollant sur le pare-brise des motoneiges 4 temps qui consomment un petit peu moins de carburant. Le top du top… Qu’ils aillent bousiller la toundra à coup de décibels… soit, presque ça m’est égal… mais de grâce pas le petit message « ouais mais je suis pas trop sale quand même… » Si je trouve une photo je vous met ça en ligne…
08/11
Cours de philosophie sur le « Frivusliv » (voir sujet déjà abordé en aout sur le glacier, en gros « la vie en plein air » reliée à la culture, la philosophie Norvégienne, presque patriotique mais intéressant).
Allusion par les Norvégiens à certains philosophes Français notamment : JJ rousseau et Descartes…
09/11
Suite du cours sur le « frivusliv » en extérieur, soirée autour du feu dans une Ganna (cabane norvegienne)
10/11
Fin des cours sur le Frivusliv, Eco philosophie, début du démontage du kayak que j’ai acheté cet été pour le stocker.
11/11
fin du démontage du kayak, travail administratif, Friday gethering
12/11
Ballade sur le plateau avec Djenou, petite avalanche dans la nuit, 100m de large 25m de long un petit mètre d’épais, Magnus, mon collègue de formation et co-équipier au dessus et derrière moi a fait effondrer une corniche sur ma gauche… La coulée nous emporte Djenoun et moi sur quelques mètres mais ne nous ensevelit pas et reste sans conséquences, Djenoun a vraiment très bien réagi, il s’avère quelle flotte a la surface beaucoup plus facilement que moi et gère mieux que moi les paquets de neige fraiche qui nous arrivent dessus. Une fois le flot de neige arrêté elle me regarde d’un air interrogateur « mais qu’est ce que tu me fais encore faire? »… sensation agréable d’être reliés tous les deux par la corde et de voir que la bonne étoile veille sur nous pour cette fois encore…
soirée « Kitchen to kitchen » tout le monde se ballade de cuisine en cuisine dans toute la ville… drôle de principe… super sympa
13/11
Ce « matin » (yen a plus… il fait toujours nuit maintenant), quand mon pote rentre du boulot a 6:00, je ne dormais toujours pas, je lisais un livre pour essayer de trouver le sommeil. Il était bien bourré et malgré son état, il finissait une conversation téléphonique avec une personne qu’il a beaucoup aimé sur le continent.
On a un peu discuté quand il a raccroche, me disant qu’il était toujours raide dingue de cette femme, malgré les années passées sans elle, malgré ses nombreuses aventures depuis leur rupture, elle constitue son repère, comme une boussole dans le blizard… Il me dit que cet amour est difficile à accepter : Il sait que la flamme n’est pas éteinte en elle non plus mais qu’elle attend une vie plus établie qui ne repose pas sur ces équilibres instables qui alimentent si bien la liberté de nos vie respectives… du coup il ressent une sorte de tiraillement, une insoluble équation : liberte VS sentiments…
rhooo… elle est belle cette phrase…
Tiens… tiens… tout ça me rappelle quelque chose… j’ai vraiment l’impression que chaque humain est confronté a ce genre de questionnement un jour ou l’autre… peut-être que je me trompe?
Bref… questionnement suffisamment transposable à ma propre histoire pour que j’y réfléchisse encore une bonne partie de la nuit qui s’avérait en fait être la matinée… comme quoi l’ivresse de mon pote Steeve n’était pas sans résonance dans mon esprit sobre… L’idée ne m’a pas lâchée et elle était toujours présente au réveil, accrochée à moi comme l’odeur de la cigarette qui imprègne encore même au lendemain d’une bringue… Pourtant je sens la solution de l’équation si proche dans mon esprit, ces réflexions me rapprochent de celles sur l’engagement que j’ai écrites au mois d’août : L‘engagement serait il un « dégât co-latéral » du sentiment qui limite la liberté de celui qui « aime », parfois même à son insu?
J’avoue mon pauvre Steeve, que malgré la pertinance de ta remarque peut-être générée par l’éthanol circulant dans tes veines, la situation me semble relativement mal emmanchée… Ne me dites pas que les sentiments sont réductibles à des équations polinomiales de X degrés ou il faut des théorèmes chinois et autres discriminents pour les résoudre… je n’y crois pas, cependant le bon sens ne me saute pas à la figure comme une évidence… Il va falloir sortir la pioche et creuser encore un peu…
Bref, histoire de poser le cerveau un moment, je suis allé naviguer un peu dans l’après-midi… ouais… … en piscine!!!!
Sans rire… : 10 ans que je bosse au Spitzberg, parfois même en kayak et même pas capable d’esquimoter… pfff… la honte… en même temps j’ai toujours travaillé avec des kayaks Nautiraid, j’en vois déjà certains qui font des bonds… horrifiés de m’entendre appeler « kayak » ces espèces de pirogues qui d’un point de vue phylogénique s’apparentent plus au matelas gonflant qu’à la célèbre embarcation mise au point par les inuits. En gros , il n’y a pas besoin de savoir faire naviguer en Nautiraid : ça ne se retourne pas (mais si ça se retourne je crois que c’est cuit… t’es mort…)
Bref j ai rejoins des gars qui jouent au kayak polo, Je me suis mis dans un coin et j’ai bu la tasse (beurk) un bon quart d heure pour mettre en oeuvre les videos que j ai pu voir sur Youtube ainsi que les précieux conseils de Laki (mon pote Islandais) et de Mathide, merci…
A chaque fois : « retournage »… ratage… remplissage (involontaire)… sortir le kayak de la piscine, vidage… « recommençage »… pas trop concluant…
Alors j’ai joue avec eux au kayak polo pour passer à autre chose, c’est pas si in-intéressant que ce que je croyais et surtout ça fait un excellent prétexte pour naviguer. A chaque pause je ré-essayais mes manoeuvres de retournement, à la fin des matchs, j’y arrivais presque à tous les coups… trop content, satisfait. Une séance : c’est réglé… enfin je crois, j’espère… Y a plus qu’à remettre ça Dimanche prochain pour bien imprégner le truc et commencer à apprendre à esquimoter sans la pagaie, juste avec les mains…
Ce soir (enfin la il est 4:19) il y a une énorme tempête, j’en ai jamais vu de pareille, c’est absolument incroyable!!!! des énormes rafales qui font voler suffisamment de neige pour occulter tous les lampadaires et plonger la ville dans l’obscurité, incroyable!!! c’est magnifique!!! Bon j’avoue que je me suis déjà sérieusement posé la question : mais notre maison sur pilotis la… elle peut pas s’envoler? Et Djenoun dans sa niche que je viens de ramener, on a beau la transporter péniblement à 2 (la niche… hihihi, au moins 90kg) Y’a pas moyen que tout ca s’envole? Aller! je sors dans ce déchainement sans nom pour arrimer sérieusement la maison de Djenoun à la notre en espérant que la notre ne s’envole pas non plus…
14/11
Cours sur la répartition des clients en groupes, management de groupes
15/11
7:00 mes colocs se lèvent pour aller en cours, je suis toujours en train de lire mon livre dans l’espoir de trouver le sommeil. La nuit permanente met en évidence mes rythmes persos qui ne sont pas callés sur 24h, chaque jour mon organisme réclame le repos 3-4heures plus tard que la veille. Chaque journée de mon organisme durerait donc entre 27 et 28h, d’ou se décollage qui s’accentue un peu plus chaque jour… Voila enfin une réponse à mes problèmes de sommeil que j ai toujours rencontrés… comment faire caller ce rythme instinctif sur la journée conventionnelle de 24h? Bon… demain il faudra retourner a l’école même si le travail de mes paupières rappèlent une compétition d’haltérophilie comme c’était le cas hier…
15:00 je me lève après 8h de sommeil… pfff…. complètement décalé, a l’envers… je vais prendre l’air
15/11
En soirée, je retrouve mon pote Sondre pour me tenir au courant des cours que j’ai loupé, visiblement rien de bien important… il faut juste que je rejoigne mon groupe qui doit choisir des images dans nos excursions pour illustrer des mots clefs relatifs aux valeurs, aux qualités d’un guide, je mettrais bientôt la présentation en ligne.
Evidemment avec un levé aussi tardif, le sommeil ne vient pas.
16/11 7:00 après 3heures de sommeil je me lève avec moins de difficultés qu’on pourrait l’imaginer… le cours sur la gestion de groupe est intéressant mais comme d’habitude je lutte pour ne pas sombrer (vers 11:00) lorsqu’on entame un partie sur les différentes méthodes pour cliver un groupe et répartir des tâches. Je ne veux pas lâcher prise face a Sigmund, notre instructeur, non pas que je craigne son jugement : il comprendrait sans dificultés que des étudiants éprouvent des difficultés d’attention liés à des problèmes de sommeil consécutifs à la nuit permanente. Non, c’est juste une question de principe, de respect, je ne voudrais pas qu’il pense que son cours n’est pas intéressant, au contraire!!! Je me ressaisis et lutte comme un damné pour maintenir l’entrebâillement précaire de mes paupières aimantées… Evidemment je pense a tous mes élèves, mes chères élèves, notamment tous ceux qui ont fait cet effort surhumain durant mes cours, cet épreuve de force : ce bras de fer qui met en jeu des muscles qui n’ont que quelques milligrammes à soulever : 2 petites paupières… et pourtant la concentration sur cet infime effort monopolise toute l’attention qui ne peut être focalisée sur quoi que ce soit d’autre. La situation s’est présentée si souvent… je les remercie ici pour cette preuve de respect et je compatis : certains sont certainement dans la même lutte que moi ce matin…
La lutte cesse en début d’après midi, lors de l’élaboration de projets pour une manifestation sportive qui aura lieu au mois de Février. Le but étant de mettre en pratique nos compétences de guide et aussi de proposer à la population locale des activités en extérieur. Chaque groupe de 6 doit imaginer 3 projets parmi lesquels un seul sera retenu. L’état de fatigue disparaît totalement dans cet état créatif, j’en ai toujours été convaincu lorsque j’enseignais mais revivre l’expérience personnellement me donne envie de signer aujourd’hui une promesse m’engageant à ne plus jamais placer les élèves dans une autre position mentale que celle d’une démarche créative…
La première idée serait d’utiliser une structure en bois de la ville anciennement destinée a véhiculer les chariots de Charbon , l’idée serait de recouvrir la structure de filets à poissons de récupération. il faudrait ensuite les asperger d’eau avec le concours des pompiers, avec les basses températures du mois de Janvier, l’eau gèlerait immédiatement créant une cascades de glace artificielle, un mur de glace pour proposer une activité de « ice climbing » ou cascade de glace. Bien que la glace n’altèrerait en rien la structure en bois je m’attends à une réticence des autorités locales qui protègent leur sacro-saint « cultural héritage ».
Le deuxième projet serait de créer un piste de bobsleigh en amassant de la neige avec des engins mécaniques pour former des parapets suffisamment hauts pour canaliser une descente en zodiac (sans le moteur évidemment) sur la neige. le Zodiac serait tracté par une motoneige pour être remontée après chaque descente.
Le troisième projet serait d’utiliser l’eau chaude qui déversée dans l’océan après avoir été utilisée pour réchauffer les canalisations (afin d’éviter le gel). Cette eau serait acheminée jusqu’a un énorme bassin réalisé en neige. Des palettes et une bâche sépareraient l’eau chaude de la neige pour ne pas qu’elle ne fonde. Un trou dans la banquise serait réalisé à coté pour ceux qui veulent tenter un challenge de bain glacé. Des tentes chauffées seraient installées pour se changer et servir des boissons chaudes.
C’est ce dernier projet qui a été retenu pour notre groupe : préparez vos maillots de bains pour participer au « Hot and cold!!! » Un bain polaire au milieu de la nuit permanente sous les aurores boréales!!!
17 et 18 /11 Travail sur la logistique du projet choisi la veille
Certain ont peut être vu passer un projet sur le blog que j’ai retiré car il n’est plus d’actualité : le projet canada…
Je vais donc décrire ici comment j’ai imaginé ce projet et fini par abandonner ce projet. Je vais essayer de ne pas trop rentrer dans les détails étant donné que j ‘ai travaillé sur ce projet pendant 10 jours consécutifs et que les rebondissements de logistique n’ont pas cessé.
Les cours s’arrêtent le 1er décembre jusqu’au 16 Janvier, mon plan initial était de rester au Svalbard pendant toute cette période de trêve, de trouver du travail…
La population de Longyearbyen quitte l’île massivement pour passer les fêtes sur le continent, il ne reste plus grand monde et l’activité est très réduite, la « Dark season » me fait finalement abandonner tout espoir d’emploi aussi modeste soit il pendant cette période.
Le projet était aussi d’effectuer mon stage pratique pendant cette période pour libérer du temps au moment ou on est sensé le réaliser : au printemps, période le plus intéressante ici avec le retour des longues journées. J’aurais pu alors être disponible pour un éventuel emploi ou pour rejoindre des expés.
Revenons au programme de la « Dark periode », voila le projet que j’envisageait:
Retourner au Canada : 1mois et demi!!!! Partir voir la famille de mon ami Solomon, c’est un métis comme on dit la bas, de l’état de Saskatshewan, multiple champion du monde de canoë longue distance et instructeur en survie, ils vivent depuis 3 générations à Hedy Camp, 3 jours de canoë depuis le petit village de Cumberland house. Il cesse peu a peu les compétitions et la performance en canoë pour proposer des expés en chiens de traîneaux. Lorsque je l’avais rencontre en 2003, il construisait seul des maisons en rondins pour accueillir ses clients. Pour éviter un séjour d apprentissage de l’anglais pour mon frere a Oxford, j’avais réussi a convaincre mes parents d’envoyer Mika apprendre l’anglais avec Solomon en construisant ses maisons en rondins, en allant à la pêche et à la chasse pour nourrir les chiens … été 2004.
Tout d’abord il fallait contourner la législation Norvégienne qui n’autorise pas le retour des chiens en provenance d’Amérique : quarantaine de 4 mois pour les chiens… je prévoyais de contourner ce problème en passant par la France, les Norvégiens n’auraient jamais eu vent de notre petite excursion outre Atlantique…
Il y a 15 jours, le prix du transport pour Djénoun et moi de Paris à Saskatoon (notre destination au Canada) me semblait très élevé mais je choisissais de faire ce sacrifice pour poursuivre l’aventure… J’ai donc acheté les billets : Longyearbyen=>Oslo=>Paris=>Toronto=>Saskatoon…
Plus d’une semaine de voyage, pour aller se perdre aux confins du Grand Nord Canadien dans un autre nulle part…
J’attendais juste la « re-confirmation » pour Djénoun, chaque jour il me réclamaient un nouvelle donnée, le temps passait sans avoir de confirmation 100% sure : poids du chien, puis : taille du chien, le jour suivant : race du chien, enfin la taille de a boite et pour finir le poids de la boite… On ne s’en sortait pas, je les ai donc rappelé pour boucler le dossier, pour comprendre que le projet n’était pas du tout réaliste : pour Paris-Toronto : le poids Max Autorisé par Air Canda est 32kg, Djénoun pèse 29Kg et la caisse 12, soit 41kg… soit 9kg de trop… la compagnie me propose donc de me tourner vers leur service d’avions cargo… 900€ par trajet : ouille ouille ouille!!!!… Quand à la partie Toronto-Saskatoun, les cales des avions ne sont pas chauffées et un embargo interdit le transport des chiens de Novembre à Avril…
Je dois insister Lourdement pour récupérer mon argent auprès d’air Canada qui refuse de me le restituer en prétendant que ce n’est pas de leur ressort si un animal ne peut suivre un passager qui a déjà émis son billet d’avion (je précise qu’il est indispensable d’émettre un billet pour demander une autorisation pour se faire accompagner par un animal : c’est le serpent qui se mord la queue…)
Bref…. un Sam tout rouge de colère!!!
Je finis par les convaincre…
Aller, Sam on ne se démonte, pas t’en a vu d’autres, n’abandonne pas…
OK… Le tronçon Toronto-Saskatoon pourrrait être réalisé en train, les chiens sont autorisés en caisse avec les passagers : 2jours et 2heures de trajet quand même…
Entre temps la compagnie aérienne pour le vol Longyearbyen-Paris me répond que je ne peux voyager avec Djénoun pour les dates que j’ai demandées… quel merdier!!!!
Revenons au Canada, je contacte d’autres compagnies :
Américan Air Lines qui fait passer par Chicago et ne peut accueillir des chiens a peine plus gros que des cochons d’inde…
British Air ways qui fait passer par Londres : aucun problème pour transporter un chien, mais la caisse doit mesurer :
- pour sa largeur : la taille du chien au garrot
- pour sa hauteur la taile du chien au garrot + la moitié de la hauteur des pattes antérieures – pour sa longueur la plus grande longueur du chien + la hauteur des pattes antérieures….
soit une caisse de presque 1,5m3!!!
Je leur demande d’un air stupéfait : « mais vous les trouvez où ces caisses de transport? » L’agent me répond d’un air très sûr de lui « Hé bien il faut les faire faire sur mesure, mais il faut que vous sachiez aussi que le chien ne prendra pas les mêmes avions que vous et il doit arriver au moins 1/2heure après vous, rester au minimum 6 heures à l’escale, subir les tests vétérinaires et repartir au minimum 2 heures avant vous, la caisse doit être munies de deux compartiments distincts : un pour la nourriture et l’autre la boisson, les 2 accessibles depuis l’extérieur de la cage et…… vous êtes toujours là? » dis t’il
Ma gorge ne fournit qu’un onomatopée en guise de réponse, il me propose de m’envoyer la documentation par mail… proposition que je commence par décliner mais fini par accepter pour achever la conversation de manière certaine…
Air France, doux pays de mon enfance…
Les chiens et leurs cage peuvent peser jusqu’à 45Kg, sans consignes particulières pour leur transport… Rhaaaa… ça fait plaisir, enfin 200€ par trajet quand même… juste pour le chien et pour aller à Toronto…
Je me torture l’esprit, et la perspective que cet hiver sera sûrement un des seuls de ma vie où je pourrai bénéficier d’autant de temps libre consécutif aboutit à une certaine cécité… j’énumère un à un les chiffres de la carte bancaire à l’agent d’air France, comme si j’énumérait moi même le compte à rebours au bourreau… le silence qui suit rappelle la chaise qui bascule, la corde qui se tend, le noeud qui se serre…
Mais il s’écrit « ha… ça passe pas… »
De l’air pénètre à nouveau dans mes poumons…
un « ha bon?… » sort machinalement de ma bouche en réalisant que l’achat des billets pour rentrer en France et la fausse manip’ ave Air Canada ont sûrement fait atteindre un plafond de la carte bancaire, un seuil imaginaire qui m’échappe…
Au fond de moi je sais ce qu cela signifie…
Non!!!!!! pas ça… pas rappeler monsieur Pichot… NON!!!!!
- Allô?
- Allô Monsieur Pichot???, C’est M’sieur Duc…
- HAAAA!!! Monsieur Duc!!! Alors, On mange toujours du phoque sur son glaçon?
Au fond de moi : ha—ha—ha…. très drôle… (en fait c’est drôle mais j’suis vexé, alors c’est pas drôle…)
Il reprends par un :
- Qu’est ce qui vous amène? C’est encore pour un bazouka anti-ours?
Re-vexé… grrrr…. j’me dis que j’le ramènerai bien en France le fameux « bazouka » pour lui faire sauter sa banque à Mr Pichot!!! mais je me contente d’un :
- Non, c’est pour le seuil de la carte bancaire, il est atteint et m’empêche de poursuivre la transaction pour payer un billet d’avion pour le Canada…
- Le Canada? mais je croyais que vous étiez en Norvège…
- Oui mais là je pars au Canada…
- Que se passe-t’il? C’est les ours blancs qui ne sont plus à votre goût? Il vous en faut des bruns?
Au fond de moi je sens qu’il y a un fond de vrai dans ses paroles, quelle mouche m’a encore piquée, pourquoi toujours plus? Comment j’en suis arrivé là? C’est peut être une de ces maladies mentales compulsives que tout le monde remarque chez vous et dont vous êtes le dernier à accepter l’évidence : le dindon de la farce… heureusement Monsieur Pichot continue et me tirant de mes pensées :
« - Encore bloquée cette carte? Y’en a qui se font plaisir… » D’un ton sarcastique.
Comment lui expliquer mon état : Air Canada, les cages de 1,5m3, celles pour cochons d’inde, les 2jours de trains… ma pendaison quelques secondes plus tôt…
Je reste de marbre en espérant que son silence est induit par des manipulations technocratiques qui je l’espère vont m’apporter satisfaction.
Il s’écrit triomphant :
« - c’est bon, le seuil de la carte bancaire sera ré ouvert demain matin!
- Ha mais c’est pas possible Mr Pichot!!!!! je dois régler le billet d’Air France avant 22h ce soir!
- Ben oui mais M’sieur Duc ça ne dépend pas de moi, ce sont des manipulations qu’on ne contrôle pas, autant c’est débloqué dans une heure comme ça peut l’être demain midi… Visiblement les choses ne sont pas si simples pour changer de glaçon…
La discussion se termine dans un dialogue de sourds, un double monologue poursuivi par ces formules de convenance hypocrites, celles dont la rhétorique soignée n’a plus aucune valeur mais dont l’absence témoigne d’un manque d’éduction… Je me force…
Je rappelle plusieurs fois Air France pour retenter de payer ma pendaison, pas moyen, la procédure de déblocage n’a pas eu lieu…
21h59 je regarde ma montre en sachant que même si je peux racheté un billet demain le projet est devenu trop pesant, trop précipité, trop onéreux…
je fini par abandonner tout de même à contre coeur…
19/11 Démarche pour trouver un stage en situation dans des compagnies de tourisme à Longyearbyen.
En soirée je me retrouve une fois de plus hors la loi : je lâche Djénoun dans la nuit avec son nouveau copain Malamute « Frost » qui lui reste en laisse : courses, voltiges, cabrioles dans la neige fraîche. Que du bonheur de la voir enfin libre même si je prend des risques inconsidérés du point de vue des autorités…
20/11 Sortie en Ski de Rando sur le glacier de Larshbreen avec mon ami Sondre et Djénoun. Descente dans la neige fraîche et légère sous les aurores boréales, Djénoun bondit sur mes talons au gré des courbes… bonheur intense…
Je poursuis mes courbes jusque devant le hall de la piscine où je dépose mes skis pour enfiler mon maillot et commencer mes exercices d’esquimautage en kayak.
Ca ne se produira certainement pas tous les jours de ma vie d’enchainner ces activités…
21/11 cours : comment changer durablement la mentalité des touristes…
Arrivée de mon nouvel ordi portable, d’où les accents dans le texte, un grand merci à Christophe au passage pour m’avoir aidé pour a préparation des logiciels et son acheminement!
22/11 travail sur le projet « hot & cold… »
23/11 Visite de la mine numero 7 : incroyable, j’imaginais pas du tout ca comme ca: tout tordu, plafonds bas, des piliers en bois, pas du tout hi tech…
24/11 Visite de Svalsat, le plus gand parc d’antenne du monde de communication avec les satellites : des paraboles gigantesques partout protegees par des dome geodesiques, le reve!!! premiere experience du « snus », la drogue locale tabac a chiquer… plus jamais… plus jamais de ma vie!!!!!!1 boulette =equivalent de14 cigarettes de nicotines = nausees, bad trip, envie de vomir, un genre de mal de mer… je bois jamais, j’me drogue jamais… mais une fois deplus, je sais pourquoi…
25/11 explications a propos du memoire de fin de semestre a rendre et des objectifs pour le prochain semestre
26/11 administratif et debut de de la redaction du memoire (Theme philosophique sur le role d’ »Interpretation » de la nature par le guide…)
27/11 Invitation a un petit dejeune : tradition norvegienne tous les dimanches precedant noel…
Decembre 2011
Bonjour à tous, désolé d’avoir un laissé le journal en suspens, j’ai rencontré quelques difficultés techniques 2 ordis à zéro, la carte mère du « tout neuf » m’a lâché après seulement 6 jours d’utilisation. Entre temps je suis revenu en France pour passer les fêtes en famille, je reprendrais certainement l’écriture du blog mi Janvier date prévue pour mon retour sur l’île. Je vous souhaite à tous de joyeuses fêtes et une heureuse année 2012.
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